Le peuple gronde.
Les taxes tombent comme à Gravelotte, alors que comme les autres, Manu s’est invité à l’Elysée en nous promettant plus d’argent et moins d’impôts.
Un peu comme ces régimes dissociés qui nous vendent le fait de maigrir en mangeant plus.
Les autres ce sont Nicolas et François, deux Présidents qui ne laisseront pas un souvenir impérissable pour notre pouvoir d’achat.
Il ne faisait pas forcément bon vivre au Moyen-Age et durant les siècles qui ont suivi. Pas de centrales nucléaires, ni de particules de gas-oil dans l’atmosphère. On cultivait dur, sans machines et sans Roundup.
Les perturbateurs étaient moins endocriniens que de nos jours, mais ça n’empêchait pas l’espérance de vie d’atteindre péniblement les quatorze années !
Un peu comme si vous organisiez une petite bouffe, à la fois pour fêter le Brevet des collèges et le décès de votre enfant.
Et si on allait plus loin, ça veut dire aussi que pour éviter l’extinction de la race, il fallait faire et avoir des enfants avant treize ans, et mourir juste après l’accouchement.
Ou pendant.
Mais j’arrête, ça devient graveleux.
A ne pas confondre avec Gravelotte.
Ou Gravelines.
Cette fameuse espérance de vie, a péniblement dépassé les vingt ans avant la Révolution.
Sans être historien, c’est une moyenne, sévèrement plombée par quelques épidémies moyennement bienveillantes et une mortalité infantile à deux chiffres.
Et quelque chose me dit qu’on vivait un peu plus longtemps à la Cour, à Versailles ou ailleurs que dans un champ, qu’il soit agricole ou de bataille.
Et mieux aussi.
Non seulement le bon peuple trimait dur, mais la pression fiscale était déjà pesante.
La dîme : fraction variable de la récolte prélevée par l'église.
Le cens : redevance fixe que le possesseur d'une terre payait au seigneur du fief. La taille : redevance payée au seigneur par les serfs et les roturiers.
La gabelle : impôt indirect sur le sel payé au roi…
Autant dire qu’en ces temps reculés, il ne restait pas grand-chose dans la gamelle de la roture.
Contrairement à celle de la noblesse, qui se bâfrait littéralement, avec des menus aussi invraisemblables que caloriques.
Quand on pense que les diététiciens osent nous dire qu’il faut manger avec modération !
Traditionnellement, on voit là une des causes de la Révolution qui rétablira une certaine justice en raccourcissant les têtes de ceux qui avaient du ventre.
En temps de crise, avérée ou supposée, la deuxième tentation est le repli nationaliste ou identitaire, l’autre étant perçu comme un ennemi ou un parasite qui vous enlève sans vergogne le pain de la bouche.
On voit bien que des sentiments de tous ordres poussent certains à endosser leur gilet jaune pour braver une météo enfin hivernale.
Des motivations multiformes.
Marre des taxes, des radars, des migrants, du chômage.
Peur d’un monde qui change à une vitesse supersonique.
Sans rien de fort pour vous rassurer.
Je pense que ceux qui sont arrivés au pouvoir ne l’ont pas fait en se disant qu’ils allaient nous la jouer à l’envers.
Comme les autres, ils ne s’étaient pas préparés à trouver ni à affronter une telle situation.
Et quand on est le nez dans le guidon, on fait comme les copains, on vit à crédit. Et pire encore, on oublie tous les grands projets qui pourraient tendre à la changer. Urgence et principe de réalité prennent alors le pouvoir sur tout le reste.
Seuls ceux qui connaissent des fins de mois difficiles, ou mieux, qui sont dans le rouge dès le quinze peuvent comprendre.
Dans ce cas, manger bio ou rouler devient moins important que de payer son loyer ou la cantine des enfants.
Quant à partir en vacances…
Mais revenons à notre Hexagone.
Il faut rentrer de l’oseille à tout prix, il n’y a que ça qui compte. Si on met de côté les tentations malhonnêtes ou déraisonnables, il reste l’enfumage.
L’exemple type, c’est l’augmentation des taxes pétrolières. Aligner celles du diesel sur l’essence me parait assez logique.
Mais profiter de l’occaz pour traire un peu plus l’automobiliste, ça s’appelle un coup de crasse. Et le plus fort là-dedans n’est même pas cette mauvaise surprise, c’est d’oser dire qu’on le fait pour dégager de l’argent pour la transition énergétique.
500 patates sur les quelques milliards récoltés !
Un peu comme les radars et la vidéo-verbalisation qui sont là pour combattre le fléau de l’accidentologie routière.
On se moque du peuple.
Pas tant en lui cachant plein de choses ou en prenant des décisions qui ne lui semblent pas trop favorables.
Non.
Mais en le prenant pour un crétin.
Les caisses sont vides, et il faut bien les remplir, ne serait-ce que pour soigner, éduquer, protéger et payer les retraites. Les mesures sensées relancer l’économie n’ont pas donné grand-chose. Le modèle français ne peut pas fonctionner avec autant de chômeurs.
Bercy est comme un ménage dans le dur, il doit trouver de l’oseille comme il peut. Dans l’urgence et en nous prenant pour des cons.
Et à force de le faire, ne nous étonnons pas qu’on le devienne un peu.
Les partis de tous bords tirent à boulet rouge sur Manu, mais pas un ne propose quelque chose de réaliste.
Au lieu de réfléchir et de proposer, ils défouraillent et entretiennent un climat morose.
Certains regrettent les idées loufoques ou les utopies du passé, mais là n’est pas le problème. Il n’y a plus personne pour avancer des idées novatrices et réalistes.
Personne.
Certains penseront à Benoit Hamon et à son revenu universel, mais les sympathies socialistes ne sont plus trop à la mode.
Alors il reste le caniveau et le ras des pâquerettes.
Les rois du yaquafautquon.
Dans les années 80, ceux qui en avaient marre de se faire voler leur autoradio voyait en Jean-Marie une solution possible à leurs tourments.
Aujourd’hui, on enfile un gilet jaune au prétexte qu’on a été flashé à 82 km/h, alors qu’on a payé 70 centimes de taxes en plus sur son dernier plein.
Malgré tous ses efforts, Jean-Luc a complètement foiré son troisième tour social. Moribonde après les présidentielles, bien tapie avec son petit gilet, Marine est peut-être en train de réussir le sien.
J’ai un peu de mal à voir ce que recherchent des groupes qui bloquent la Francilienne à Pontault-Combault un samedi midi.
Pardon, qui filtrent.
Ras-le-bol des taxes, on a compris le message.
Pour la guerre, la famine et la maladie, ça touche moins au portefeuille…
Mais derrière cette revendication simple se cache un paradoxe que j’ai un peu de mal à comprendre.
Ces mêmes manifestants réclament souvent plus de service public.
Deux costards auront empêché François Fillon d’appliquer une recette qui aurait mis des millions de français dans la rue. Mais il faudra m’expliquer comment on peut baisser les impôts et embaucher plus de fonctionnaires ?
Quand on sait que dans le même temps, 1% de nos compatriotes les plus aisés pourraient sans problème mettre pas mal de beurre dans les épinards des 99 autres %...
Que celui qui a la solution m’appelle au 0638965418.