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UN SILENCE DE CATHÉDRALE


J’ai eu la chance de voyager un peu, même si c’est toujours trop peu.

Il y a une quinzaine d’années, j’ai eu le bonheur de passer quelques jours au Ghana à Accra, qui comme son nom l’indique n’est pas la capitale des Antilles.

Mon premier choc culturel fut une affiche de 15 mètres sur 8 d’une chanteuse locale qui allait se produire en concert.

Bibie !

« Tout doucement

Fermé pour cause de sentiment différent »

Cet accent délicieux.

Pétula Clark des tropiques.

Bibie était ghanéenne, ce pays ne pouvait être que sympa.

L’Ohene Djan Stadium se nomme ainsi en mémoire des 127 spectateurs qui y ont perdu la vie en 2001.

Ce jour-là, quelques 4000 écoliers disputent une compétition scolaire composée de différentes épreuves athlétiques, dont un invraisemblable 800 mètres.

Des gamins de dix piges, en plein cagnard.

Pas loin de 40 à l’ombre, à condition d’en trouver.

Des gamines aussi, que j’ai mis un moment à identifier comme étant des jeunes filles.

Et pour cause, elles avaient toutes le crâne rasé !

Une secte ?

Une épidémie de leucémie ?

Des poux ?

N’y tenant plus, je demande à l’employé de l’ambassade qui m’accompagnait le pourquoi de cette facétie capillaire.

- Heu c’est pour éviter aux profs d’être tentés.

- Par ces écolières ?

- Oui, on considère que les cheveux sont un symbole de féminité !

C’est vrai que vu comme ça, on comprend mieux le manque flagrant d’enthousiasme des femmes à qui on a offert une petite coupe gratis à la Libération.

Ou la vie sexuelle tristounette de celles qui se sont offertes une petite chimio à Gustave Roussy.

Difficile de ne pas être choqué par ce genre de pratique.

Une fois rassuré en se disant qu’on ne peut la trouver que dans une contrée exotique, on se demande ce qui peut bien se passer dans le cerveau malade de l’instituteur ghanéen.

Ces salauds sont-ils parmi les plus pervers du monde ?

Dans ce pays aussi sympa, où Bibi a vu le jour un mois de janvier 1957 !

La France est un beau pays.

Celui des droits de l’homme.

Il serait ridicule de nier combien chacun peut s’exprimer sans trop de risque.

Le supporter peut y crier son amour des verts, des rouges ou des bleus. Il peut de la même manière hurler sa haine des jaunes, des violets ou des blancs. Certains poussent la convivialité jusqu’à évoquer le vieux métier de leur maman.

On peut bâcher qui on veut, jusqu’ au Président, les trois derniers en ayant pris plein la tronche.

Un gars comme Robert Faurisson peut revisiter l’histoire de manière très personnelle et se retrouver professeur des universités, après avoir été assistant et maître de conférence.

Il a pu couler une retraite paisible et choisir de quitter ce monde décadent à Vichy !

Au pays de la pastille.

C’est le pays de la raillerie, du pamphlet et de la désobéissance.

Celui de la Ligne Maginot qui a échoué dans sa tentative de dissuader nos voisins allemands de le visiter. Pour le plus grand bonheur du petit Robert qui enfant, aimait jouer au docteur avec les waffen SS.

Mais qui cinquante ans plus tard arrêtera l’avancée destructrice du nuage de Tchernobyl.

La patrie de la guillotine, où l’on a raccourci d’une tête ceux qui y posaient leur couronne, mais où l’on préserve coûte que coûte des institutions comme l’Armée, l’Ecole ou l’Eglise.

L’Eglise.

Dans pas mal de pays, Irlande, Canada, USA, … des centaines de prêtres vont prochainement être invités à évangéliser leurs camarades de cellule.

Après l’avoir fait de manière trop affectueuse avec des milliers de jeunes catholiques.

La nôtre est miraculeusement protégée par une ligne Maginot divine.

Tout le monde se serre les coudes, certainement au nom d’intérêts supérieurs.

Les marques de tendresse envers Monsieur le Curé sont réservées aux étrangers.

Dans un reportage de France 5 diffusé ce dimanche 23 septembre dans l'émission "C Politique", un prêtre et chancelier de l'archevêché de Strasbourg s'est exprimé face caméra sur le fléau de la pédophilie dans l'Eglise.

Une journaliste interroge Bernard Xibaut: "Vous diriez que l'Eglise a dissimulé des actes de pédophilie?"

"Eh bien oui, reconnaît-il. Autrefois, on était plus attentifs à la réputation de l'institution, donc il fallait à tout prix [la] sauver".

"Mais pourquoi l'Eglise a protégé des prêtres pédophiles?", continue la journaliste face à lui.

"Eh bien parce qu'on n'était pas suffisamment conscients de ce que ça produisait chez les enfants, pour leur vie entière, ce type d'acte, répond l'évêque. On pensait que pour l'enfant, ce serait un mauvais souvenir et qu'il allait s'en remettre. Maintenant on a compris, à la lumière des gens qui ont 75 ans qui se souviennent encore de ce qu'ils ont dans leur chair ce qu'ils ont vécu à 15 ans. Il fallait en prendre conscience. »

Du très lourd.

Très très lourd !

Un peu comme Philip Morris qui a sagement attendu des dizaines de milliers de cancers pour envisager que la cigarette n’est peut-être pas la meilleure amie de notre santé.

A la limite du négationnisme.

Du calme Robert !

Reviens Bibie, s’il te plait.

Pas dans un mois, ni dans un an.

Reviens vite la France a besoin de toi.

Viens nous chanter une petite chanson.

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