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"LA RÉPUBLIQUE, C'EST MOI !"


L’allégorie peut faire rêver.

« Dieu

Mais que Marianne était jolie … » chantait le regretté Michel Delpech avant d’aller salir ses pompes dans le Loir et Cher.

Sans doute avait-il dans un coin de sa tête, le buste magnifique de Brigitte Bardot, incarnant la France triomphante des trente glorieuses.

Quelques années après le départ de Georges, j’ai vraiment chialé toutes mes larmes quand en 1990, Nelson Mandela fut libéré.

Après 28 ans de réflexion spontanée dans les geôles conviviales d’Afrique du Sud, sur les méfaits du bronzage.

Cinq ans après, rebelote quand devenu Président, il embrasse François Pienaar brandissant la Coupe du Monde de rugby.

Quand on parle de régime politique autoritaire, l’Apartheid se pose là, bien calé aux côtés d’Adolphe, Joseph et de quelques autres qui ont marqué l’histoire de leur philanthropie.

L’humanité regorge de bruits de bottes, de carnages ou de génocides, et de nombreux prisonniers politiques ont tâté de matraques pas toujours bienveillantes.

Beaucoup se sont vus offrir de longs séjours de remise en forme sur la paille humide de cachots desquels on vous aide en général à perdre les quelques kilos superflus qui vous pourrissent la vie.

Et plus si affinités.

Nous avons la chance de vivre dans un état de droit, ce qui en principe interdit ce genre de pratiques.

Le romantisme révolutionnaire de Zapata, cartouchière en bandoulière, des bolcheviks de 1917 ou du Che ne sont plus depuis longtemps que des fantasmes de fin de banquet du Parti Communiste.

A la limite à la buvette du stand cubain de la Fête de l’Huma, entre un mojito et un concert de Johny Montreuil.

Plus de Brigades Rouges.

Ni de Brigades du Tigre d’ailleurs, Terrasson nous a quittés…

Le salaud, il a laissé Pujol et le commissaire Valentin se démerder tous seuls.

A la fin du siècle dernier, Hugo Chàvez a repris le flambeau vacillant de Fidel, et a soulevé une grosse vague de sympathie dans le monde. Malheureusement pour lui, un léger désordre cellulaire l’a contraint à rejoindre Pierre Maguelon qui l’attendait de pied ferme au comptoir du paradis.

Un rebelle qui a su dire non aux américains, et mettre en place un grand programme de santé et d’alphabétisation du peuple vénézuélien.

Quelques années après, on reconnait l’action sociale d’El Comandante, alors que son bilan économique est loin d’être positif.

Le taux d’endettement du pays, le sous-investissement et la spirale inflationniste ont laissé le pays au bord de la banqueroute.

Au final, ce pays qui possède les réserves pétrolières les plus importantes du monde est aujourd’hui avec un taux de 83%, dans une situation de pauvreté supérieure à celle des années 90. La fille d’Hugo est la femme la plus riche du pays et 850 milliards de dollars ont été détournés des revenus pétroliers par la nouvelle bourgeoisie chaviste. Largement de quoi s’offrir un deux-pièces à la Queue en Brie.

“Chavez a été la pointe avancée d’un processus large dans l’Amérique latine, qui a ouvert un nouveau cycle pour notre siècle, celui de la victoire des révolutions citoyennes”

“Ce qu’est Chavez ne meurt jamais. C’est l’idéal inépuisable de l’espérance humaniste, de la révolution. Il n’a pas seulement fait progresser la condition humaine des Vénézuéliens, il a fait progresser d’une manière considérable la démocratie. (Le régime) a fait reculer la pauvreté de manière spectaculaire, éradiqué ce qui est classé comme extrême pauvreté (...), l’analphabétisme a été éradiqué (...), on est parvenu à faire progresser de 70% la scolarisation des enfants”

Celui qui prononce ces lignes enflammées, c’est Jean-Luc Mélenchon, lors d’un meeting de la France Insoumise en 2013, hommage posthume après le décès d’El Commandante.

A Champigny- sur- Marne, du côté de la charmante cité des Boullereaux, quelques joyeux drilles ont filmé l’accueil chaleureux qu’ont reçu les forces de l’ordre :

- Pute.

- Tassepé.

- Quand tu veux en tête à tête…

Un florilège d’insultes et de provocations qui a cartonné sur les réseaux sociaux. Perso, alors que la sympathie policière n’a pas toujours été ma caractéristique première, j’ai trouvé cette vidéo extrêmement choquante et violente. Depuis, une autre a circulé montrant une prof se faire braquer pour avoir une bonne note !

Cinq ans plus tard, notre Chàvez à nous estime certainement que la vie politique manque de lyrisme dans l’hexagone. Que le buzz de ce genre de vidéo ne doit en aucun cas être réservé aux jeunes de quartier, ou que le métier de policier est trop terne.

N’écoutant que son courage, Jean-Luc a filmé les perquiz menées à son domicile puis au siège de son Parti.

Le florilège est moins hardcore que celui de ses compatriotes du 9.4., mais l’ancien socialiste ne fait pas dans la dentelle, dans un registre plus grandiloquent :

- Racontez partout, montrez ces images.

- Je ne suis pas un passant dans la rue, je suis le Président du groupe parlementaire.

- Vous ne pouvez pas me molester. Personne ne me touche, ma personne est sacrée.

La tension monte, et les fonctionnaires qui font leur boulot restent d’un calme olympien malgré l’emphase de Mélenchon qui maintenant éructe et postillonne tous azimuts. On espère juste pour le hipster qui garde la porte que notre Che nationnal n’a pas oublié, dans l’urgence révolutionnaire, de se laver les ratiches.

A bien regarder ces images, je ne vois pas le but qu’il peut bien rechercher, à part provoquer des gens pour qu’ils dérapent. Alexis Corbière son fidèle lieutenant, joue lui aussi un petit rôle dans ce tragique épisode de violence policière. Un acte plein de bravoure.

Il se jette courageusement en arrière quand un de ses camarades au sang un peu chaud est plaqué au sol. Avant d’ouvrir sa bouche, de laquelle sort des mots qui n’entreront pas dans la légende révolutionnaire.

Je suis peut-être moins indigné ou sensible à l’injustice qu’il y a quelques décennies. Je dois m’embourgeoiser. Plus grave encore, je n’ai pas rigolé, ni même souri…

Voir notre révolutionnaire d’opérette se mettre au niveau de footballeurs qui réclament un pénalty, ou de jeunes qui niquent la police m’a plutôt donné le sentiment d’un show aussi ridicule qu’égocentré. Un peu comme un ivrogne dans la rue, ou un gars qui fait une crise d’autoritarisme.

Un sketch navrant, conclu par un : « La République, c’est moi », qui laisse Jean-Luc encore assez loin de la cheville de Nelson Mandela. Qui pourtant n’avait d’IPhone X pour filmer les petits moments sympas qu’il a dû vivre dans les geôles torrides de Robben Island…

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