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LE SENS DE LA VIE


Dernièrement, je relisais dans le Cid quelques-unes des lignes que Pierrot n’avait même pas pris la peine de publier sur sa page Facebook.

«Je suis jeune, il est vrai; mais aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années»

Certainement un des 28% de seniors qui ne vont jamais sur la toile…

60 ans.

Tino Rossi, le plus germanophile de nos compatriotes corses, ne chantait-il pas avant son AVC :

La vie commence à soixante ans Quand on la connaît mieux qu'avant Et que l'on a appris par cœur Tous les raccourcis du bonheur

Il y a quelques décennies, le sexagénaire était un vieux croûton presque grabataire, disponible gratuitement sur la playlist de la grande faucheuse.

Quelques mois de repos après une carrière longue et éprouvante. Une retraite aussi courte que bien méritée.

On a tous des images du vieillard sénile qui veut bouter les boches hors du pays, alors que les américains l’ont déjà fait depuis un moment. Ou de l’ancien mineur silicosé, pléonasme, qui crache ses poumons à chaque bouffée de Boyard.

Maïs, c’est mieux pour le cliché.

Aujourd’hui, à soixante piges, on est encore actif.

Fringant même, en particulier pour les petits veinards qui ont pu déjouer le chômage, l’anarchie de la division cellulaire ou le bouchage de leurs artères.

Malheureusement, il est un peu tard pour bouleverser le cours des choses ou d’enfin réaliser ses rêves de jeunesse.

Le Sénateur-Maire d’un patelin de l’Allier s’agite pour assurer sa sixième réélection, le cadre sup ou le haut fonctionnaire commence à sérieusement préparer sa retraite :

Garder un pied à terre à Paris ou définitivement déménager sur la Côte ?

Encore que le Lubéron…, mais ça, c’est plus pour les anciens du PS, survivants d’une époque où la gauche n’avait rien contre le caviar.

Celui qui a commencé sa carrière, même modeste, dans les années 80, peut se dire qu’il installera un arrosage automatique dans son jardin de Pontault-Combault.

Ou qu’avec ce réchauffement climatique, il ne fera plus de courgettes dans son potager. Il plantera des betteraves. A condition d’avoir acheté au bon moment, et de ne pas avoir dilapidé l’argent du ménage au PMU ou dans l’achat d’une grosse berline de marque allemande.

Identique à celle de Tino Rossi, à qui le patron de Mercedes avait fait un bon prix.

Le rêve est souvent matériel.

Ou un beau voyage, pour une fois à des milliers de kilomètres du camping de Saint-Jean de Monts.

Ou par procuration, pour le plus grand bonheur des enfants ou des petits-enfants.

Et oui, ça s’appelle être papy ou mamie.

Avant, on disait mémère…

Le quinqua est une personne trop instable pour être marrante.

Trop de questions, d’interrogations sur le sens de la vie, trop centré sur la dernière ligne droite de sa vie professionnelle.

Sauf encore une fois pour l’allocataire de Pôle-emploi qui lui, est quasiment certain de ne jamais retrouver du taf.

Ça peut lui donner une certaine sérénité, d’autant que ses allocations suffisent à lui payer les asticots qu’il embroche cruellement tous les jours au bout de son hameçon.

Et le pastaga quand il tape une belotte avec ses potes.

Pas besoin de partir en vacances, il y est tous les jours.

Le quadra est beaucoup plus intéressant.

Il est à un carrefour de sa vie, et peut décider d’aller au bout de cette fameuse ligne droite, qui est forcément beaucoup plus longue que dix ans plus tard. Il faut juste faire attention à ne pas dépasser les 80 à l’heure.

Sinon crac !..., c’est la fissure.

Ou le radar.

Mais bien souvent, les choses ne sont pas aussi simples que si elles étaient moins compliquées.

C’est un âge où on peut refaire sa vie, agir pour changer le cours des choses.

Sa vie professionnelle, grimper les échelons plus que sa collègue de boulot, changer de voie, passer un concours, ouvrir sa boite…

Sa vie personnelle.

Le grand déballage, le grand ménage.

Monsieur qui part avec la baby-sitter, pas beaucoup plus âgée que les enfants.

Madame qui part avec le voisin, à peine plus musclé que son mari bedonnant.

Peut-être plus riche ou mieux outillé, mais cela ne nous regarde pas…

Il y en a un, devenu fameux, qui a transgressé la morale dans l’autre sens en s’affichant avec une femme beaucoup plus âgée que lui.

Mais ce n’est pas tout.

Il va aussi mettre un grand coup de lattes dans la fourmilière pour changer de taf.

Banquier d’affaires chez Rothschild, il décide après un petit stage à Bercy de postuler à l’Elysée.

Contre toute attente, sans la logistique d’un parti traditionnel derrière lui, le picard décroche la timbale.

Avec Brigitte, il fait la une de tous les magazines, de France, de Navarre et d’ailleurs.

Sa notoriété devient mondiale, il est celui dont tout le monde parle.

Personne n’a plus la patience d’attendre la fin de son CDD, le moindre mot ou la moindre de ses attitudes est décortiqué, analysé et sévèrement critiqué.

C’est la règle du jeu, et seul l’avenir nous dira si Manu pourra réformer le pays en profondeur, au nom d’un intérêt général pas toujours compatible avec les particuliers.

La trentaine ne signifie pas grand-chose.

Moins que la vingtaine.

Vingt piges, adulte depuis peu de temps, le vaste monde est là devant vous, prêt à être découvert. Ou conquis.

Montrer sa valeur, sans avoir besoin d’attendre le nombre des années.

On revient à Corneille.

Quand c’est possible, quand vous êtes préparé pour, pourquoi ne pas démarrer cette conquête dès la sortie d’une adolescence boutonneuse ?

Dans le sport, on a pas mal d’exemples de jeunes prodiges arrivés très tôt au sommet. Tous ne confirment pas, mais certains le font.

Il y a à peine quelques années, un petit gars dribblait tous ses potes, et mêmes les maîtresses, dans une cour d’école de Bondy, charmante bourgade de Seine-Saint-Denis, bien calée entre l’A86 et la N3.

Après un ptit tour sur le Rocher, Kylian est revenu en région parisienne, dans le XVIe, de l’autre côté du 9-3.

Il a aussi endossé la tunique bleue, avec un certain bonheur.

Cet été, pendant que certains jouaient à la pétanque, le gamin a fortement contribué à décrocher une deuxième étoile.

A bientôt la fléchette.

Aujourd’hui, Mbappé défie tous les standards existants jusque-là.

Il est sympa et cause plutôt bien derrière un micro.

Il donne sa prime de champion du Monde à une association.

Il rentre alors que la Patrie est en danger contre d’obscurs islandais, et crac !

Deux cartouches en dix minutes et la bande à Dédé s’en sort miraculeusement.

Il marche sur l’eau.

Spontanément.

Loin d’un football archi organisé où tout est décortiqué et mesuré.

Où rien ne doit sortir du fameux projet de jeu.

Kylian s’amuse, comme dans la cour.

Il est en train de devenir une idole.

Très loin devant Grizou, Pogba et tous les autres.

Corneille avait raison.

Personne mieux que Kylian ne peut mieux l’incarner.

Mais nous sommes en droit d’attendre mieux.

Jordy avait bien vendu six millions de singles à quatre ans.

Alors on attend avec impatience le jour ou un bambin en couche-culotte sera champion olympique du 100 m.

Après-tout, des multicoques géants traversent bien l’Atlantique sans toucher l’eau plus de 10% du temps.

Patrick Balkany est toujours Maire de Levallois, François Hollande prépare son come-back.

Et il fait 28° à Paris.

Un treize octobre.

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