On adore le foot.
C’est sans doute pour ça qu’on peut en voir, en lire ou en écouter matin, midi et soir, tous les jours.
Un sport qui fait partie de notre vie, un partage d’émotions, qu’elles soient négatives ou positives.
Cet été, à moins d’être parti au cœur du Bush australien ou de la plaine briarde, il était impossible de ne pas vivre la dernière Coupe du Monde.
Le parcours remarquable de la bande à Dédé a d’abord alimenté la boite à polémique, puis a suscité les compliments pour finalement provoquer un hommage unanime. Comme souvent en pareil cas, le basque plus trop bondissant est passé du statut de semi-crétin à celui de héros national.
Mais une idole planétaire a fait les choux gras dans le monde entier, Neymar, le prodige brésilien.
Le joueur parisien a beaucoup fait parler de lui, mais pas pour ses exploits balle au pied. Plus pour ses plongeons et la quantité d’herbe qu’il a broutée dans les grasses prairies de Russie.
Une blague.
On n'avait jamais vu ça depuis Ravanelli, acteur exceptionnel de la fin du siècle dernier, bien calé entre Arlequin et Polichinelle au Hall of Fame de la Commedia dell’arte.
Voir des multimillionnaires gominés et tatoués se jeter dans la boue pour obtenir le coup de sifflet salvateur est un aspect irritant de ce sport universel. Presque consubstantiel, à tel point qu’on l’enseigne aux jeunes dans les meilleures écoles de football, et pas seulement italiennes.
Certains grands sociologues, souvent diplômés au café-tabac de la Poste, nous disent avec subtilité que de toute façon, ce sport est pourri jusqu’à la moelle. Des jeunes mal éduqués, qui gagnent patates sur patates, alors que des millions de français vivent sous le seuil de pauvreté.
Et en plus, ils ne chantent pas la Marseillaise !
Un monde sans foi ni loi.
Heureusement, certains sports sont épargnés.
En tout cas par la vindicte populaire, la seule qui vaille en ces temps tourmentés et incertains.
L’Ovalie est un monde idéal, sans dopage ni traumatisme crânien.
Il y a bien un peu d’oseille, mais pas au point d’en saper les valeurs qui en constituent le socle.
Le rugby m’a fait vivre des émotions que je ne renierai jamais.
L’essai de Blanco en 1987.
Le pauvre Abdelatif Benazzi en 1995, qui vient mourir à quelques centimètres de la terre promise springbok, malgré tout un pays qui pousse derrière lui.
En 1999, La remontada contre les Black de Lomu après une première mi-temps cauchemardesque…
On le sait, l’exemple vient d’en haut.
Depuis le charismatique Max Guazzini, on cherchait un Président médiatique.
En 2006, Mourad Boudjellal est devenu Président et proprio du RCT.
Lui aussi va bousculer les codes, taper dans la fourmilière et gagner des titres.
Ultra présent dans les médias, il multiplie les bons mots, et bascule parfois dans le dérapage.
En 2011, une sortie légère sur l’arbitrage.
« J'ai connu ma deuxième sodomie arbitrale. »
Comme tous les provocateurs, il fait de la surenchère pour se défendre.
« La vieille France est choquée … Aujourd'hui, tout ce que la France peut compter de créateurs et de novateurs, soit tous les gens qui font avancer ce pays, ne sont pas choqués par le mot sodomie. Et il y a les autres qui le sont. C'est à eux de choisir leur camp...Le rugby est sport réactionnaire. »
Une sortie inattendue sur une pratique contre-nature que la morale victorienne réprouve impérativement.
En tout cas, un sujet rarement abordé de manière aussi directe dans les médias.
Dans un sport réputé pour son respect de l’homme noir !
Le roi du tweet, Jean-Michel Aulas, autre grand défenseur du corps arbitral, a été lynché pour moins que ça…
Quelques années plus tard, en 2017, deux coaches emblématiques défrayent la chronique.
Christophe Urios et Fabien Galthié en sont presque venus aux mains cet après-midi, lors de la nouvelle défaite du RCT à Castres (20-19). Sur le bord du terrain, le ton est monté entre les deux entraîneurs et des insultes auraient été échangées entre le manager du RCT et l'adjoint d'Urios, Frédéric Charrier. Une décision arbitrale litigieuse serait à l'origine de cette altercation.
"Fabien Galthié nous a insultés", a assuré Urios après la rencontre. De l'autre côté, Fabrice Landreau parlait lui d'échange de "mots assez durs" entre les deux bancs de touche. Après cet épisode, Urios s'est rapproché de Galthié, avant de lui mettre "un doigt" sur le visage, selon le témoignage du boss castrais. La vidéo ci-dessous montre qu'il s'agirait plutôt d'une gifle. Fabien Galthié, qui a rapidement quitté le stade pour aller commenter France–Japon samedi soir à la U Arena de Nanterre, n'a pas souhaité donner sa version de l'incident.
Une semaine après les faits, Christophe Urios, invité de Total Sport, est revenu sur son altercation avec Fabien Galthié pendant Castres-Toulon. Les deux entraîneurs avaient échangé quelques insultes, et le Castrais y était même allé de sa petite gifle. Qu'il ne regrette qu'à moitié, comme il l'a confié avec le sourire.
"C'est une connerie sans nom. On s'est appelés le lendemain matin, on était assez d'accord pour dire qu'on avait dépassé les bornes et que ce n'était pas bien. En même temps, on ne peut pas se faire marcher sur les pieds quand on est chez nous quand même, ce n'est pas possible. Ce n'est pas bien, ce n'est pas à montrer, mais sur le moment c'était quand même bon pour moi (rires)."
Au micro du Canal Rugby Club, Sébastien Chabal a expliqué que cette altercation était regrettable.
“C’est regrettable de voir cela sur un bord de terrain. Mais on peut comprendre qu’il y ait de la tension aussi. L’altercation commence car l’entraîneur des trois-quarts du Castres Olympique râle après l’arbitre. Fabien Galthié est derrière et il a des mots par très gentils envers l’entraîneur Castrais. Ensuite, ça s’envenime et Christophe Urios vient défendre son staff. Les deux hommes se sont excusés. Mais c’est triste de voir cela sur le bord d’un terrain quand on voit que sur le terrain tout se passe très bien.”
On imagine aisément ce que pourrait donner un échange de baffes entre deux entraîneurs de football !
Heureusement, que le consultant de Canal remet les pendules à l’heure.
A l’heure des valeurs du rugby.
D’ailleurs, quelques mois plus tard, la semaine dernière, il n’hésite pas à se lâcher un peu à l’antenne, sur le début de saison poussif du RCT. C’est marrant, on en revient toujours à Toulon.
« On se pose la question de savoir qui est responsable. Une grande partie des joueurs n’est pas à son meilleur niveau. Et je pense que ça s’explique par la confiance. Je pense que le staff est en grande partie responsable des résultats actuels de Toulon. Quand je vois Patrice Collazo, il crie à longueur de journée. On voit des images de lui à l’entraînement, il crie. Pendant le match, il crie. À la mi-temps, il crie… Et pour donner de la confiance aux joueurs, il y a mieux. Il faut croire que ça ne marche pas à Toulon. Moi j’étais un joueur qui marchait à la confiance. Si j’avais eu un entraîneur qui me criait dessus toute la journée, j’aurais été nul ».
La réponse du bouillonnant Patrice ne s’est pas fait attendre.
« Apparemment je crie trop sur le terrain et ça déplaisait au hipster du Canal Rugby Club, à savoir Sébastien Chabal. Je vais donc prendre sur moi. Par contre, je vais l’inviter, s’il le souhaite, à venir passer une semaine ici en immersion avec moi et à mes frais bien sûr. Comme ça, il verra que je sais entraîner et parler à mes joueurs sans leur crier dessus…
S’il veut me filer un conseil pour faire une couette ou pour me laisser pousser la nuque longue, là je prends car je pars de très loin. Dans ce domaine-là, ses compétences sont reconnues dans le monde entier. Je trouve un peu dommage qu’un ancien joueur comme lui fasse du Pierre Ménès un peu low-cost pour être crédible à la télévision. C’est dommage. Mais je ne lui en veux pas. C’est quelqu’un que j’apprécie. »
On attend bien sûr la réponse du « caveman » après un weekend qu’on espère de réflexion.
Ou alors, on franchira encore un cap.
Un combat entre les deux dans une cage, comme pour ce délicieux Mac Grégor / Nurmagomedov.
Un combat à la vie à la mort, bien attisé par des mots, entre deux gars qui se haïssent. Une haine qui déjà fait couler le sang par balle, et provoqué un invraisemblable chaos à la fin de cet événement historique de l’UFC.
Loin de chez nous à Las Vegas, la capitale du jeu.