Quand je pense que certains osent critiquer l’action industrielle que mène l’homme depuis plus de deux siècles et une révolution du même nom !
Sans cette bienveillance climatique et environnementale, 1500 petits veinards n’auraient pas hérité plus vite que prévu cet été.
Mieux, ceux qui ont passé leurs vacances d’été à Wimereux peuvent bénir les utilisateurs d’énergie fossile sans qui la flotte n’aurait jamais dépassé les quinze degrés.
Mais le haut du pavé, la crème de la crème, c’est pour les privilégiés qui ont fait la rentrée dans une crèche du Bois-Sauvage, ou une école primaire des Epinettes. Et que dire de ceux qui ont pu boire leur Oasis fruits exotiques en terrasse dans un kébab du Parc aux Lièvres !
C’est sans doute beaucoup plus sympa de vivre ces instants sous le cagnard que transis par un petit crachin automnal comme on n’en fait même plus chez nos amis britanniques.
Difficile pour qui n’a pas la chance de vivre au cœur de l’Essonne de savoir qu’on parle là d’Evry, une des villes nouvelles créées à la fin des années 60.
Pendant plus de dix ans, à partir de 2001, on a sûrement pu voir le fringant maire de la préfecture du neuf-un arpenter les établissements scolaires de sa ville le jour de la rentrée.
Mais après deux ans et demi à Matignon et un cinglant revers aux primaires du PS, le nouveau député de la première circonscription de l’Essonne semble un peu moins présent au quotidien, aux côté de ses administrés.
Et pourtant, sa réélection au Palais bourbon était loin d’être acquise.
Il a fallu faire allégeance à un autre Manu, pour que la République en Marche décide de ne présenter aucun candidat en face de lui.
Malgré ce petit cadeau, il remporte son siège avec 139 voix d’avance, pas vraiment le plus large des plébiscites.
Loin de booster l’ancien Ministre de l’Intérieur, cet aller simple pour Pôle-emploi évité de peu semble au contraire l’avoir refroidi. Fini les valses endiablées avec les pensionnaires de la Maison de retraite Médicis ou du foyer des Cités Jardins.
Envolés les cul-secs au gros rouge au club house du Pyramide pétanque-club d’Evry.
Jusqu’à chez 0’Tacos, pas loin de la gare de Courcouronnes, où on ne l’a pas vu depuis un an, alors qu’un XXL l’attend pour la modique somme de onze euros, ce qui fait un peu plus de 20 % de réduction.
Mais rien à faire, le catalan n’a plus la grinta.
Pour faire la fête, il faut prendre la Nationale 7.
Le Macumba à Melun n’existe plus, tout comme le Bison à Barbizon !
C’est lamentable.
Si on veut vraiment s’amuser, il faut pousser plus au Sud, bien plus…
Un petit jamon y queso à Raval.
Quelques tapas arrosées d’un petit vin pétillant à Barceloneta, le tout avec modération.
Puis la Vila Olimpica si on veut se dégourdir les cannes sur le dancefloor d’une de ses multiples discothèques.
Barcelone, la ville qui bouge H 24 …
D’ailleurs, on voit plus souvent Manuel dans la capitale catalane que dans les rues joyeuses de sa circonscription.
Peut-être un coup de moins bien, ou un retour aux sources pour celui qui vit le jour là-bas il y a cinquante-six ans.
Impossible de croire qu’il s’y rend juste pour une assiette de Serrano. Ni pour voir Messi et ses coéquipiers du Barca, lui qui jadis n’hésita pas à prendre un avion du gouvernement pour assister à un petit match de son équipe préférée.
Si on ne le voit plus arpenter les allées du marché du Parc aux Lièvres, il multiplie les allers-retours en Espagne, les rencontres, les visites et les diners dans la société civile, les milieux politiques, culturels, artistiques et économiques.
Nul doute n’est permis, l’élu de la République est quasiment en campagne pour les municipales, mais espagnoles !
En soi, pourquoi pas.
Si la loi le permet.
On se rappelle de ses émouvants élans patriotiques, quand lui, le fils d’immigrés, accéda aux plus hautes fonctions de l’Etat français. A l’instar de son ex-collègue socialiste Anne Hidalgo quand elle succéda à Delanoë à la mairie de Paris. Fierté, intégration et larmichette au coin de l’œil, on a eu le droit à la totale.
Mais que faire quand le pays qui vous a accueilli à bras ouverts et a fait de vous un de ses fils les plus méritants vous rejette quasiment ? Au point de vous rabaisser au rang de simple député !
Qui plus est dans une crémerie, la République en marche, où initiative et force de proposition ne semblent pas être les qualités les plus recherchées.
C’est simple, aller chercher du taf ailleurs.
On comprend aisément que l’indigence d’une indemnité parlementaire honteusement plafonnée à 5300 € nets mensuels pousse certains loups affamés hors du Palais Bourbon, parfois dans les allées du Bois de Boulogne. Ce ne sont pas de maigres frais de mandat qui y changent grand-chose, surtout qu’il faut maintenant les justifier. Quelle méfiance mal placée ! Surtout que nos parlementaires sont condamnés à ne prendre que le train. Même pas un petit billet d’avion gratos, c’est lamentable, obligés de prendre le TGV en première.
Un prof qui commence avec un salaire juste au-dessus du SMIC n’a théoriquement pas le droit d’exercer un autre boulot, sauf si le Recteur lui accorde une autorisation de cumul.
On ne se sait jamais, ça pourrait le perturber quand il doit corriger ses piles de copies. C’est avant tout pour son bien, pour protéger la qualité de son travail et de l’instruction de nos rejetons. Et en plus, on lui rembourse la moitié de sa carte Navigo.
Dans son immense bienveillance, le législateur estime qu’un parlementaire peut mettre un peu de beurre dans sa maigre portion d’épinards en faisant quelques piges à la télé ou dans un cabinet d’avocats. C’est beaucoup plus simple et moral que pour un prof qui lui, doit dédier sa vie à son métier.
A priori, Manu n’est allé que quatre fois poser son derrière sur les bancs de l’Assemblée depuis la rentrée. Plus fort que Marine à Strasbourg.
Mais heureusement pour la déontologie, il passe son temps sur le terrain, dans sa circonscription.
Le seul petit problème, c’est que ce n’est pas auprès des bons électeurs.
Pas ceux qui l’ont élu avec 139 voix d’avance.
Non.
On parle de ceux qui devront voter pour lui aux municipales de Barcelone.
Et si jamais il passe, rien ne pourrait théoriquement l’empêcher de cumuler les deux indemnités.
A peine de quoi se payer un mojito ou deux sur la Rambla…