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LE GROUPE VIT BIEN…


Mais l’équipe joue mal.

L’amie chère qui m’a convié à partager ce France/Danemark a bien certaines qualités, mais elle n’a pas les moyens de s’offrir un abonnement BEIN.

Après tout, on ne peut pas tout avoir.

L’occasion à peine par défaut de se faire un petit match sur TF1.

Comme avant.

Y’en a qu’une, c’est la une, nous martelait un jingle de 1987.

La grande époque, celle de Jean Claude Bourret et d’Yves Mourousi, de Thierry Roland et Jean Michel Larqué.

Le premier s’en est allé sous d’autres cieux, et le deuxième ne va pas tarder à le faire. Après quelques parties mémorables de chaises musicales, Grégoire et Bixente se sont assis à leur place.

Match à 16H00, horaire idéal pour une petite sieste digestive, sans même se douter qu’elle continuerait pendant 1H45.

Pour se rassurer et entrer dans le match, rien de tel que d’allumer la télé à 15H30, de voir qu’elle fonctionne et que tout ce petit monde s’échauffe avec application. Des courses, des plots, des frappes, mais surtout on voit les leaders charismatiques parler au reste du groupe.

Une belle image de cohésion et de solidarité.

Derrière le micro, nos joyeux drilles éclairent nos lanternes.

Six nouveaux ont endossé la tunique blanche pour apporter du sang neuf.

Si Nzonzi et Mandanda ne sont là que pour faire souffler Paul et Hugo, on nous apprend que Sidibé, Lemar, Kimpembe et Dembele ont sûrement un coup à jouer pour taper dans l’œil de plus en plus ovin de Dédé.

On pensait que Griezmann allait en profiter pour se reposer un peu, mais il est bien là pour retrouver la confiance et enfin entrer dans son mondial.

Et puis finir premier du groupe n’est pas seulement un objectif honorifique.

Eviter la Croatie en huitième est plutôt raisonnable, surtout que Thuram ne joue plus.

Pas mal comme pitch !

15H35, 40 peut-être, je ne me rappelle plus trop, ma sieste m’aillant laissé un peu dans le fuel, une petite pause pub me permet d’aller soulager une vessie décidément de plus en plus dissipée.

Vif comme le mollusque, je reviens prendre place dans ce canapé bon marché, sans doute d’origine suédoise.

Et là, je finis par me rendre compte qu’on n’est pas vraiment dans la pause.

On est dans le non-stop jusqu’au coup de sifflet, avec une pause pour les hymnes.

A part le génialissime Omar Da Fonseca, je ne suis pas fan de la team qui bosse sur BEIN. Loin de là.

Mais au moins, on s’évite une bonne demi-heure de pub, avant- match et mi-temps comprise.

Et si c’était une erreur stratégique ?

Une de plus dans ce monde de brutes.

Depuis deux ans, on nous explique en long, en large et en travers, que le leader technique des Bleus c’est Grizou, et que le jeu se doit de tourner autour de lui.

Pour lui, pour le mettre dans des conditions idéales et lui permettre d’exprimer son talent.

Comme Benzema il y quatre ans.

Je dois vous avouer que j’ai eu un peu de mal à le voir sur le terrain.

Ou alors c’était il y a plus d’un mois contre Marseille, en finale de la coupe Europa.

Alors il est temps de prendre une décision forte.

Il faut impérativement regarder le huitième sur TF1, comme ça on pourra voir Griezmann faire de belles choses.

Se raser, se laver les cheveux, mettre ses pompes, écouter de la musique, vider son sac de sport…

Et si on regarde bien, on peut même le voir réussir une passe ou marquer un but.

En fait, je viens de comprendre pourquoi Dédé le sortait à chaque match à l’heure de jeu.

Ce n’est pas du tout parce que le joueur de l’Atletico n’a pas été performant.

Non c’est juste pour lui éviter une fatigue inutile, lui qui commence ses matchs trente minutes avant les autres, et qui ne se repose même pas à la mi-temps.

Et en plus, trop se raser, ça fatigue. Pas moyen pour lui de faire comme les copains et de garder l’influx.

Mais ne nous égarons pas, revenons un peu à nos moutons.

Ce qui se passe sur le terrain est une chose, les interviews d’après-matchs en sont une autre.

Un exercice d’une honnêteté intellectuelle toujours spectaculaire.

D’abord de la part de celui qui tient le micro.

Pas facile, mettez-vous à sa place.

- L’équipe et vous-même avez été pitoyables, et comme des millions de français, et comme des millions de français, on s’est vraiment fait chier. Comment expliquez-vous cela ?

- Didier, votre équipe pratique un jeu soporifique, pire qu’un épisode de Derrick. Avez-vous été influencé par le travail de Horst Tappert ?

Dans ces conditions, l’accidentologie du travail risquerait une forte augmentation, ainsi que le taux de licenciement.Pour faute grave.Pour refus de léchage.Pour non adoration d’icone. Mais du côté des sportifs, c’est pas mal non plus.Une langue de bois comme on n’en trouve plus guère que chez les hommes politiques.Une fois l’importance des trois points subtilement martelée après les deux premiers matchs, on sait maintenant depuis hier que pour faire un bon match, il faut être deux.Tout est de la faute à ces maudits danois qui avaient garé le bus devant leur but.

- Ce n’est pas une couverture, c’est un édredon !

Signé Grégoire.

Margotton, pas le chanteur.

Tout est dit.Pourquoi se fatiguer à faire sauter un coffre-fort quand un match nul suffit à finir premiers de la poule !Juste pour faire vibrer un pays qui n’attend que ça pour s’enflammer.Et qui risque fort de renvoyer un ascenseur moyennement amical en cas d’élimination prématurée.Ou tout court d’ailleurs.Cette équipe nous endort tellement qu’elle risque fort d’en prendre plein la tronche si elle ne gagne pas. A commencer par son huitième contre l’Argentine de Messi revenue du royaume des morts.

Un match à notre portée si on court un peu et si on réussit des passes de plus de trois mètres. Je pense que Grizou sera de la fête, le cheveu propre et rasé de près.

Pas gagné pour Lémar et Sidibé, qui ont à peu près fait tout ce qu’il fallait pour manquer ce rendez-vous.

La faute aux Danois.

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