Zizou, Zizou, vainqueur tu l’es à chaque fois
Un double Z qui veut dire Zinedine Zidane
Deux fois plus fort que Zorro.
Qui lui avait quand même deux R.
Don Diego de la Véga, à ne pas confondre avec les frérots, qui eux, poussent la chansonnette.
Le justicier en noir, défenseur de l’opprimé, pourfendeur de l’infâme commandant Monastorio, tourmenteur du pauvre sergent Garcia.
Tyrone Power, Alain Delon, Antonio Banderas et quelques autres ont enfilé sa cape et son costume sur le grand écran.
Mais jamais des millions de téléspectateurs n’oublieront la fine moustache de Guy Williams, Bernardo et Tornado, lors des 78 épisodes d’une série fameuse qui s’invite dans les foyers à la fin des années 50.
Quel garçonnet n’a pas eu sa panoplie ?
En tout cas pas moi.
A l’école primaire Pierre et Marie Curie de cette bonne ville de Draveil, nous dissertions avec un joyeux camarade, entre une partie de billes et une d’osselets.
Après quelques digressions d’usages sur la météo et la hausse du carburant, conversation courante en ces temps de premier choc pétrolier, je lui pose une question hautement philosophique :
- Tu préfères les cowboys ou les indiens ?
- Quoi ?
- Tu préfères les cowboys ou les indiens ?
- Zorro !
- Non mais entre les cowboys et les indiens ?
- Zorro.
- Ok tu aimes Zorro, mais si tu devais choisir entre les deux, sans penser à Zorro.
- Zorro.
Quel crétin !
En plus, il m’a nettoyé aux osselets. Et pourtant, j’étais champion de ma cour en titre.
En fait, il était peut-être moins stupide que complètement accro à son idole.
Et quand on parle d’idole…
Le dix-sept août 1994, Zidane remplace Corentin Martins contre la République Tchèque.
Thierry Roland, prophétique, y va de son petit :
« Sûrement le début d’une grande carrière. »
Il en a raconté des conneries, mais pas là…
Une frappe du gauche de presque trente mètres.
Une tête à l’entrée de la surface.
La légende est en marche.
Quatre ans plus tard, on est en finale de la Coupe du monde, au stade de France. Zinédine n’a pas été transcendant jusque-là, avec un carton rouge au premier tour et zéro but au compteur.
Mais en deux corners en première mi-temps, il marque deux fois de sa tête de plus en plus tonsurée.
Devenu galactique, il offre la victoire au Réal en finale de la ligue des champions 2002 d’une volée somptueuse, là-encore du pied gauche.
Quatre buts légendaires à des moments historiques.
Aucun du pied droit, son pied naturel.
Et puis il y a le mondial 2006 en Allemagne, les plus perspicaces auront remarqué que ça fait encore quatre ans.
Une blessure au premier tour.
Le cheveu de plus en plus rare.
Un retour invraisemblable avec un huitième contre l’Espagne et un quart contre le Brésil où le français touche au divin.
Surnaturel, au-delà des standards du sport.
La réincarnation de Pelé ou de Maradona.
La finale contre l’Italie sera comme en 98 une histoire de coup de tête, mais pas sur la même cible.
Un joueur génial, au panthéon des grands du football.
Et qui finit son histoire en bleu d’une manière…originale.
L’entraîneur Zidane a fait rigoler tout le monde à ses débuts.
Pas parce que maintenant il est complètement chauve.
Des résultats mitigés avec la Castilla, la réserve du Real, adjoint d’Ancelotti, il arpente l’Europe du football pour passer son diplôme.
Je ne sais pas qui croit en lui en ce début d’année 2016, quand son Président le nomme à la tête des Merengue à la place du pauvre Benitez.
Deux ans et-demi plus tard, il enquille sa troisième coupe aux grandes oreilles, ce qui est exceptionnel dans l’ère moderne de la ligue des champions.
Une idole vous disais-je.
Le roi Midas du ballon rond, qui transforme tout ce qu’il touche en or, plus qu’en pot d’échappement.
Un dieu vivant.
Qui prend tout le monde à contrepied en annonçant qu’il se retire.
Un raz de marée médiatique sans précédent.
Ah ça discute dans les bars entre deux anisettes.
Jusqu’au Président qui y va de son hommage même pas posthume entre deux réformes.
Incroyable, comme si la face du monde allait changer.
Malin, intuitif, intelligent le marseillais a toujours prouvé qu’il l’était plus que la moyenne. Un gars qui sait ce qu’il veut.
Et qui le fait.
Mais ce qui défie l’entendement, c’est l’effet pervers de cette annonce.
Tellement pervers que si c’était voulu, Machiavel serait là, pas bien loin de Midas.
Une coupe du monde est un évènement planétaire absolu, où la pression est irrespirable. Si vous la laissez vous ronger, vous êtes mort.
Didier Deschamps la connait bien, il a su s’en faire une alliée tout au long d’une carrière où il a beaucoup gagné…Sauf la finale de son Euro, bien au chaud dans l’hexagone.
On savait très bien qu’au moindre coup dur, au premier faux pas, des hordes de supporters bien intentionnés allaient regretter l’absence de Rabiot, Benzema et tous ces glorieux absents.
Sans oublier les heures de leçon tactique qui font mal à la tête.
Mais là !
Comment vous dire ?
Il n’est pas de cadeau plus empoisonné.
Un vrai savonnage de planche.
Attaquer une compétition ultra importante en se disant que 97% des français rêvent de voir l’idole venir se poser sur le banc tricolore.
Même Jean-Marie est pour.
On dit que le basque est têtu, mais Dédé va devoir faire preuve d’une grande maîtrise.
Ou alors rendez-vous dans sa tire pour une petite virée au bord de la Nivelle.
Au programme, Pêche à la truite et dégustation d’ Irouléguy.
Avec modération sinon c’est vite un coup de matraque.
Pas le vin le plus léger du monde.