Septembre 2017, l’école Pierre et Marie Curie de Draveil n’en est pas à sa première rentrée. Mais cette fois, on risque bien de mettre les petits plats dans les grands, et les minots de la citée Danton et du domaine de Villiers auront surement droit à la télé.
Vous savez, un de ces reportages aussi insipide qu’une salade de betteraves où l’on voit des écoliers étrangement respectueux et polis dialoguer avec le ministre de tutelle de leur instit qui nous explique que malgré quelques difficultés, elle bouclera le programme. L’occaz de vérifier si Manu nous a raconté des salades, et si l’Education nationale s’est enfin décidé à s’aligner sur les colonies de vacances, avec un prof pour douze élèves.
Mais vous êtes bien loin de la vérité.
45 ans après, l’USEP a enfin décidé de lever le voile sur des décennies d’hypocrisie et de rétablir la justice. L’USEP est la fédération du sport dans les écoles primaires, celle qui organise les rencontres du mercredi.
Cette après-midi de 1972, notre équipe de hand est invaincue avant de se déplacer à Athis-Mons, et le moral est au beau fixe, le bonheur de gosses qui se régalent avec leur maître, et qui accessoirement gagnent des matchs.
Une heure plus tard, le retour est moins joyeux après une lourde défaite. Il faut dire qu’en face, un joueur deux fois plus grand et rapide que nous a dû mettre une vingtaine de buts à lui tout seul, comme si Lebron James jouait le prochain match contre le Basket club de Brie Comte Robert.
En ce 13 septembre, devant les caméras du JT de Jean-Pierre Pernaut, je retrouve mes ex-coéquipiers, en tout cas tous ceux qui ont eu la politesse de ne pas décéder. C’est dingue de voir comme avons tous bien grandi, et pour la plupart, un peu grossi. A peine, à part Sylvain, tout maigrichon et qui n’a pas l’air au mieux. Et cette épidémie de calvitie…
Maurice Pichon, délégué départemental, nous offre un discours émouvant, qui nous captive tous pendant 45 minutes, sauf Sylvain qui tombe dans les vap et sera évacué par les pompiers. L’émotion sans doute.
On y apprend que le résultat de ce match de 1972 ne peut être homologué, dans la mesure où, après enquête, il est avéré que le jeune Cao Minh ne l’était pas tant que ça. Il avait 19 ans au moment des faits, un vietnamien fraichement débarqué d’une croisière océanique.
Pas d’EPO, d’hormone de croissance ou de moteur dans le vélo, non, un dopage à l’Etat civil.
Le salaud !
Une médaille de champion de district nous sera remise, avec beaucoup d’émotion, celle que procure le sentiment que justice a été faite, certes un peu tard, mais mieux que jamais. Les assiettes de chips et de chorizo ne résisteront pas longtemps à ce moment si intense, pas plus que le saladier de sangria.
Cinq ans après les Jeux, le stade olympique de Londres n’a pas pris une ride et accueille le monde de l’athlétisme. Tout comme l’UCI après l’affaire Festina, l’IAAF a tapé du pied dans la fourmilière et exclu la fédération russe, reconnue coupable d’un dopage d’état.
Après Ben Johnson et Marion Jones, le grand public peut heureusement dormir sur ses deux oreilles et le téléspectateur allumer sa télé en toute confiance, tout va pour le mieux dans le meilleur des stades.
Le ménage a été fait, et les docteurs, biologistes, soigneurs, entraineurs et managers qui trainaient dans l’entourage des athlètes impliqués ont certainement dû trouver du taf dans le curling, ou le bilboquet.
Quant aux dizaines de milliers de spectateurs qui assistent à ces championnats du Monde, ils ont eu l’immense privilège d’ovationner la médaille de bronze du roi Usain. Un hommage à la mesure du dernier quart de tour de piste de cette légende du sport.
Tout comme ils s’en donneront à cœur-joie pour se payer le scalp de son vainqueur du jour, le sulfureux Justin Gatlin, déjà pris deux fois la main dans l’armoire à pharmacie.
Un podium ubuesque et une situation surréaliste, où celui qui s’est fait lyncher avait pourtant le droit de concourir. Presque triste quand on y voit son air absent, les yeux dans le vague. Une belle fête qui s’annonce pour lui dans la nuit londonienne…
Ce même public aura entre temps assisté le 4 aout, au podium du 4x400 féminin des mondiaux de … 2013 ! Avec une médaille de bronze pour les françaises, et en particulier Muriel Hurtis, qui empoche ici sa quatrième médaille sur tapis vert !
Sa carrière n’aurait pas été la même si elle avait pu les empocher en temps réel. L’efficacité pédagogique d’une sanction dépend pour une bonne part, du laps de temps écoulé après la faute.
Imaginez un Noël chez vos sympathiques beaux-parents. Arrivée, bisous, apéro et au moment de donner les cadeaux Papy Gérard met une claque de cowboy à sa fille, votre femme
- Tiens souillasse, ça c’est pour avoir découché en aout 79, et t’être fait trombiner par ce salaud de Patrick.
- Mais Papa, ça fait 38 ans !
- Qui c’est ce Patrick ?
Et crac, la pauvre s’en prend une deuxième…non c’est suffisant, arrêtons cette fiction aussi absurde que misogyne.
Mais dans ce cas, pourquoi congeler les prélèvements sanguins des champions actuels pour les analyser dans quelques années, quand la science permettra de détecter quelques anomalies ?
Imaginons Nadal, dans 40 ans, en fauteuil roulant avec un sonotone à qui on retire ses trophées de Rolland !
- Hola Rafa, qué tal ?
- Verdad ?
- Il faut nous rendre tes dix saladiers.
- Verdad ?
- Et les 21 345 632 € que tu as empochés.
- Si pero…
En fait, le but n’est pas trop de sanctionner les tricheurs mais plutôt de rétablir la justice et récompenser le vrai vainqueur.
En 2049, on remettra du côté de la porte d’Auteuil le trophée au vrai vainqueur de l’édition 2017, le moldave Radu Albot, avec là encore un discours édifiant du sémillant Président de la fédé, David Petretic.
- Certes vous fûtes éliminé au premier tour, mais les 123 autres joueurs du tableau final ne marchaient pas à l’eau claire ni au Kinder Bueno.
- Da Président, et pour la prime ?
- La prime ?
- Bah oui, les deux patates que vous avez données à Rafa.
- Ta gueule, t’auras qu’à revendre ton saladier sur le Bon Coin.
Pour le palmarès du Tour de France 2017, on a gros problème.
- On est mal patron, on n’en a pas un seul.
- Très très mal. Trouvons un mécano, un kiné…
- Même là, c’est chaud.
- On va être obligé de remettre le maillot jaune à titre posthume à une personne célèbre de cette époque.
- Un acteur, un chanteur ?
- Un chanteur, bonne idée.
- Johnny Haliday ?
- Non, je verrais plutôt Alain Souchon.