Si un jour vous ne savez pas quoi faire de votre mercredi, allez voir votre progéniture jouer au handball en championnat UNSS. Toutes les stars tricolores sont passées par là, et avec un peu de chance, vous aurez le privilège d'assister aux premiers pas du futur Karabatic. Dans huit ans, pour ceux que l'anarchie cellulaire préserve, quand vous acclamerez les bleus en finale des JO de Paris, vous pourrez dire que vous aviez vu Michel Dubois jouer contre Brie Comte Robert en finale de district au gymnase Jean Guimier. Vous vous rappellerez aussi que l'équipe du collège Victor Hugo était coachée de main de prof par M. Machin Chose, celui qui sans même s'en rendre compte a sorti son meilleur joueur pour que son petit gros à lunettes participe à la fête. A peine gâchée par une défaite totalement illogique. Pas bien grave si on en croit notre cher baron de Coubertin, et surtout, pas un de ces braves collégiens n'imagine une seconde que leur prof les a privés d'une belle victoire. Coubertin, c'est justement le nom de l'antre du PSG Handball. Pas persuadé que les philanthropes de QSI aient lâché la modique somme de seize millions juste pour participer. Attention, personne à commencer par moi ne peut affirmer qu'un titre puisse s'acheter. Mettre ce paquet d'oseille sur la table ne suffit pas, et la bataille des budgets n'est jamais une science exacte. Ceux qui prétendent le contraire ne sont pas toujours d'une lucidité exemplaire, même si Cesson Sévigné aurait un peu de mal à décrocher cette timbale. Une victoire dans cette ligue des champions nouvelle formule, en particulier avec l'institution du final 4, est un exercice de coaching d'un niveau incroyable. Et certains critères plus ou moins maitrisables ont parfois une importance démesurée, une blessure, une méforme ou une décision arbitrale. Les dirigeants du club parisien le savent mieux que quiconque, eux qui ont bâti un effectif assurément en mesure de réussir ce challenge. La grande majorité des joueurs l'ont déjà fait, et ils étaient cette année entraînés par un homme de 65 ans, qui fait ce métier depuis plus de 30 ans, et a déjà gagné ce titre en 2007 avec le THW Kiel. La saison de ce PSG là est jusqu'ici plutôt réussie, si on excepte cette lourde défaite contre Montpellier, il y a une semaine en finale de la coupe de France. A la mi-temps de cette demi-finale contre Kielce, on se dit qu'à 16 partout les choses semblent bien engagées puisque nos deux stars nationales, Thierry Omeyer et Nikola Karabatic sont restées assez réservées pour le moment. Si elles enclenchent la seconde, les choses risquent d'être difficiles à encaisser pour les polonais. Comme il le fait quasiment depuis le début de la saison, un homme éclabousse cette première mi-temps de toute sa classe. Mikkel Hansen nous gratifie d'un 9/12 assez proche de la perfection, et il réussit à cantonner son adversaire direct, Krzysztof Lijewski à deux petits buts. Et je vous jure que l'orthographe de son prénom n'est pas une blague. Il n'y a aucune ambulance sur laquelle tirer, mais avant de tomber dans le piège du managérat de comptoir après une demi-douzaine de mauresques, rappelons quelques faits pas loin d'être des évidences. Zvonimir Serdarusic a dominé l'Europe du handball il y a presque dix ans à la tête Du THW Kiel avec un coaching particulier : Sept, huit ou neufs stars qui jouent tous les matchs et ne sortent que s'ils sont blessés. Il entretient une relation quasi paternelle avec Nikola Karabatic, dont on sait qu'il rêvait de retravailler avec l'ancien yougoslave. Daniel Narcisse semble en pleine forme et n'a quasiment pas mis un pied sur le terrain jusque-là. Le final 4 est un exercice particulier dans lequel la tentation de l'anticipation et du calcul est grande. Surtout quand on voit l'intensité physique d'un combat de ce niveau et que l'on se dit qu'il faudra remettre le couvert le lendemain ! Bref, au moment de démarrer la seconde période, rien ne prouve que le choix de laisser le génial danois sur le banc de touche ne soit pas le bon. Après dix minutes peu reluisantes, les parisiens rectifient le tir et se remettent à dominer avec Narcisse et Karabatic sur le terrain. On connait la suite et la fin… C'est le moment de justifier le titre de cette chronique. Lionel Jospin a été un brillant premier ministre qui ambitionnait lui aussi le titre suprême dans son sport. En cas de finale contre Jacques Chirac, il était assuré de lui tordre le cou. Le problème a été le premier tour. La gauche plurielle s'en est donné à cœur joie, et Chevènement, Mamère, Hue, Laguiller et Besancenot empilent plus de six millions de bulletins de vote. Et le père de Marine en profite pour griller Yoyo de 200000 voix, alors que Taubira en confisque 600000 ! C'est un peu ce sentiment qui m'anime au lendemain de ce match contre Kielce. J'ai l'impression que Mikkel Hansen est resté trop longtemps sur le banc, et ce même si il s'est passé un truc que je ne sais pas. Je ne comprends pas pourquoi le technicien parisien a décidé de se priver d'un tel gaillard. Tout comme M. Machin- Chose qui croyait bien faire en sortant un Michel Dubois chaud comme une baraque à frites. Il n'y a pas de morale à cette histoire, et comme toujours en pareil cas, nul ne peut dire ce qui aurait pu se passer si le danois était rentré plus tôt…Juste une petite interrogation qui n'empêchera pas la terre de tourner. Le handball est souvent un milieu consensuel où la critique basique a rarement droit de cité. C'est la plupart du temps une bonne chose, mais c'est une question légitime que je me suis personnellement posée sur mon canap. Et je regrette de ne pas l'avoir vu évoquée par ceux qui étaient derrière le micro.