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Le petit Poucet


Entre deux campagnes d’une dignité exemplaire, du moins on l’espère aussi pour les législatives, il nous faut respirer un peu en attendant de retrouver avec bienveillance les quelques démagogues qui nous ont tant fait rêver pendant les présidentielles.

Quoi de mieux qu’un petit jeu pour nous détendre un peu ! Quelle différence y-a-t-il entre le Saran Loiret Handball et la formule 1 ?

Beaucoup vous me direz.

D’un côté une charmante bourgade de 15000 habitants de l’agglomération orléanaise, avec son club qui joue devant les 950 spectateurs de la Halle du bois Joly. De l’autre un sport qui brasse des milliards. Aucun rapport à priori, à titre de comparaison, le budget pneumatique d’une grosse écurie est équivalent à celui de cette équipe, autour des deux millions, le plus petit de la Lidl Star Ligue.

De la Tyrell à six roues au turbo de Renault, en passant par la wing car de Lotus, première monospace à effet de sol, l’histoire du sport mécanique est riche en révolutions techniques. A chaque fois, des esprits joueurs et novateurs ont exploité certaines failles ou espaces de liberté du règlement de la FIA. C’est une décision forte que Fabien Courtial et son staff ont pris en cet été 2016, alors que l’IHF de ce bon docteur Moustapha autorise le jeu à 7 joueurs de champ. Beaucoup d’équipes, aux JO ou ailleurs le pratiquent, mais c’est le pari pris par les techniciens loirétains qui semble novateur, celui de systématiquement jouer à 7 contre 6.

Créé en 1972, ce club a grandi très vite, et les trois dernières saisons ont été supersoniques. N1, D2 et D1, je ne pense pas que les hommes du Président Da Costa, aussi ambitieux soient-ils, l’avaient prévu aussi rapidement. Cette option de jeu va perturber ses adversaires, et comme souvent, ce sont les résultats qui valident un choix. Au bout de 9 journées, Saran occupe une place bien calée au milieu du peloton, avec 4 nuls, 1 victoire et 4 défaites.

La dernière fois qu’un homme avait appliqué une telle philosophie de prise de risque, c’est à la fin du siècle dernier quand Claude Onesta avait mis en place une défense 3/3 avec son club de Toulouse, inspirée par l'Algérie des années 80. Quitte à être là, autant tenter des choses pour exister. Et le pari du futur patron des bleus avait réussi au-delà de toute attente, hissant son club à la troisième place du championnat, ramenant la coupe de France 98, avec un certain Jérôme Fernandez dans ses rangs…

Je ne sais pas quel sera le destin de Fabien Courtial, mais la saison est longue, et les équipes adverses, surprises au début, ont su s’adapter. L’équipe est 5e attaque mais bel et bien 14e défense ! Et surtout, Saran n’a pas gagné un match depuis bien longtemps, son avance sur le premier relégable fond comme une peau de chagrin. Un point d’avance, un goal average particulier et un calendrier défavorable vis-à-vis de cristoliens remontés comme jamais. Il faudra prendre des points contre Paris, Dunkerque ou Chambéry, ce qui n’est pas évident, tandis que Créteil ne se fera pas prier pour le faire contre Toulouse, Sélestat ou Cesson. Ou espérer que les Bretons, pas vraiment en sécurité, s’écroulent complètement.

De toute façon, quel que soit le scénario, je pense qu’il faudra au moins une victoire pour espérer le maintien d’un club de la Région Centre dans l’élite. Ça serait une belle histoire. C’est défensivement que le bât blesse. Hassan Moustapha n’autorisera pas la défense à 7 d’ici la semaine prochaine, et je ne suis pas persuadé que le délai soit suffisant pour mettre une 3/3 en place.

Alors, le petit Poucet va devoir mettre le casque lourd pour prendre un peu moins de buts.

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