Ce n’est pas cette victoire 26 / 25 contre la Pologne qui risque d’inverser la tendance qui se dégage depuis le début de ce Mondial. L’occasion d’admirer la perfection de certains tirs d’Olivier Nyokas, ce qui lui vaudra d’enfiler une petite montre à son poignet.
Si on avait du temps à perdre, ou des petites bêtes à chercher, on pourrait se dire que tout n’a pas été parfait en défense. Didier Dinart et les frangins Gille, même s’ils n’en sont pas très loin, ne sont plus sur le terrain, mais on n’est pas inquiets sur ce qu’ils ont transmis et transmettent encore à cette équipe. Titi, Niko et Cédric sont là depuis longtemps, et une brochette de guerriers meurent d’envie de bequeter tous ceux qui auraient la mauvaise idée de passer dans leurs parages. L’ADN, on vous dit. Bien symbolisé par un Ludovic Fabregas que personnellement j’ai un peu de mal à imaginer sur un vélo…
Nos pivots ont encore planté huit buts à eux deux. Si on peut se montrer content pour eux, je trouve qu’on doit y voir un des signes de la solidité et de la justesse des bleus en attaque. En gros tout va bien, et hormis Arngrimur Hjalmarsson, pas grand-monde n’imagine de valeureux Islandais priver les Expert de quarts. On s’en fiche, on aura droit à des clappings qui feront trembler les fondations du stade Pierre Mauroy.
S’il a manqué un peu d’incertitude à la première phase, dite de poule, le quart qui se profile nous promet peut-être une opposition plus solide. Notre Jackson national nous annonce croire en ces suédois, quatre ans après leur finale olympique. Sympa de revoir cette grande nation, qui régnait sur le monde avec les russes, à la fin du siècle dernier.
Mais j’ai vraiment l’impression qu’un big-four se détachera inexorablement pour les demi-finales. Un peu comme dans les grands-chelems de tennis, où on retrouve souvent les mêmes larrons. Ça pourrait passer pour du conservatisme, un bal où certains ne sont jamais invités, mais je vois plutôt un dernier carré qui permettra aux quatre favoris d’en découdre, sans que l’on sache trop ce qui s’y passera.
Les danois sont là, on devrait les y retrouver si tout va bien pour les champions olympiques, et Sa Majesté Mikky, s’il n’enquille pas les cartons rouges.
L’Espagne devrait aussi être de la fête. C’est une équipe qui arrive vraiment à maturité, avec Viran Moros et Guardiola en défense centrale, et le retour de Raul, le petit frère d’Alberto. Une Roja avec pas mal de joueurs évoluant en France, ou l’ayant fait. Des gars qu’on connait et qu’on aime bien.
Mais dans cette histoire, c’est de la Mannschaft que se dégage une force impressionnante. Physiquement, les allemands ont rarement été des gringalets, mais là, c’est avec les français, l’équipe la plus costaud. On taxait parfois ses devancières de moyennement créatives, pour ne pas dire stéréotypées, mais ce temps est révolu. Là-aussi ça joue juste et bien, avec une défense et des gardiens en mode broyeurs.
Ne boudons pas notre plaisir à la veille des huitièmes de finale, mais cette demie qui pourrait se profiler devrait, si elle a lieu, nous replonger dans la grande légende des matchs France / Allemagne, ceux qui marquent l’imaginaire d’un pays.