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Son seul défaut, c'est son compagnon

J’ai honte de ce que j’ai fait l’autre soir, ne pas regarder la Norvège se défaire difficilement de cette jeune équipe de Pologne. Ma conscience professionnelle n’a pas fait le poids devant celle du citoyen engagé que je suis.

Heureusement, j’ai largement rectifié le tir et après le France / Japon, j’ai admiré la maitrise des champions olympiques danois face à une séduisante équipe d’Argentine. Depuis quelques saisons, Dominique Verdon, officie comme consultant au micro de Bein sport, je savais que sa voix me faisait penser à quelqu’un, mais sans trop savoir qui.

Et là, en ce 13 Janvier 2016, le Dieu des ondes m’a fait une révélation du coup divine, entre mon taboulé et ma pizza. Le « bon sang mais c’est bien sûr » du commissaire Bourrel, celui des cinq dernière minutes. 24 heures avaient eu beau s’écouler depuis la veille, j’étais toujours devant le débat de la primaire de cette belle alliance populaire.

A écouter Arnaud Montebourg.

Je joue depuis des décennies au jeu des sosies. Cet été j’ai retrouvé Rahan, Bob Marley et Serge Lama, mais là, il s’agit du sosie vocal du candidat socialiste. Promettez-moi d’essayer au prochain match. Fermez les yeux et vous verrez.

Ou plutôt, vous entendrez !

Et je ne peux pas m’empêcher de repenser à cette scène surréaliste de 2007 où le chevalier de la marinière, alors porte-parole de Ségolène, rétorque à un Denisot médusé que le seul défaut de sa protégée, c’est son compagnon !

Un compagnon qui sera juste Président de la République cinq ans plus tard. Et Arnaud son ministre du redressement productif !

Autant dire, pour revenir à nos moutons, que pour sortir une vanne aussi pourrie, il faudrait vraiment que Dominique mette le paquet !

Mais tout ça ne nous avance pas beaucoup dans l’analyse que l’on peut faire, de la perf de nos Experts contre de bondissants japonais. Sur le match, j’ai bien peur de ne pas avoir grand-chose à dire de plus qu’après le Brésil. Solide. Beaucoup trop pour des asiatiques créatifs et talentueux, mais qui se feront broyer après cinq premières minutes prometteuses.

En fait, les soixante que durent ce type de match finissent toujours par me paraître longues, une fois rassuré sur la forme l’équipe de France, et dès que toute incertitude est levée sur le résultat final. C’est ce qu’on appelle la glorieuse incertitude du sport, et sans elle, pas d’émotion. On peut s’enflammer sur certaines actions ou l’ampleur du score, mais pour moi, il n’y a pas de spectacle sans suspense.

Pour ça, il faudra peut-être attendre la Norvège.

Les Bleus sont depuis dix ans une machine à gagner des titres, mais leur solidité a souvent banalisé la performance, et parfois même tué le suspense. Il n’est pas question de dire ici que la France a toujours aimé ceux qui perdent, ou finissent deuxième, le syndrome Poulidor. La cote d’amour de l’Hexagone pour cette équipe montre que le contraire est possible.

Mais il reste le jeu. Imposer sa solidité défensive est une chose, jouer juste en est une autre. Là aussi il faudra attendre des rapports de force plus équilibrés pour en juger. Fixations extérieures, écartement, création puis exploitation du surnombre, un ballon qui sort vite, …j’ai l’impression que cette équipe joue plus juste qu’avant.

Avant on parlait de fond de jeu, et aujourd’hui on ne peut pas entendre ou lire une interview sportive sans qu’on nous serve du projet de jeu. C’est un peu comme Dieu, tout le monde en parle, mais personne ne sait trop qui il est. Que Ludovic Fabregas et Cédric Sorhaindo aient été gavés de bons ballons en a été la preuve, aujourd’hui contre le Japon. On verra contre les cadors, au-delà des victoires qu’on espère, si ces progrès dans le jeu se retrouvent dans l’adversité.

C’est ce qui rend cette quinzaine vraiment excitante. Les danois ont été les premiers, cet été, à battre la France en finale d’une grande compèt depuis le début de l’ère Onesta. Ils ont peut-être ouvert une voie que d’autres emprunteront, en tout cas s’ils en ont les moyens.

Il me semble que la domination française sera moins évidente que par le passé, quand les adversaires entraient sur le terrain avec la peur au ventre, ou se retrouvaient rapidement laminés, vidés de toute ambition. Un peu comme les adversaires de Tyson, avant qu’un certain James Buster Douglas ne déboulonne l’épouvantail …

Je ne prétends pas qu’avant, on ne jouait pas trop bien et que ça suffisait. La stratégie conduisant à la victoire est forcément la meilleure. Mais jouer juste, sans renier l’ADN de cette équipe, pourrait la conduire à de nouveaux succès.

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