Il parait que le climat se réchauffe.
Depuis le début de cette année 2017, je ne suis pas persuadé que le thermomètre ait dépassé le zéro, du moins pour les petits veinards du nord de la Loire. Pas moyen de se balader en ville sans voir une affiche avec un handballeur dans une Renault, d’écouter la radio ou regarder la télé sans sentir monter une envie irrésistible d’acheter un casque ou de s’ouvrir un petit livret d’épargne. A moins que vous ne sachiez pas encore où aller pousser votre caddy, et surtout le remplir.
Un truc de ouf.
Je ne suis pas persuadé avoir été autant matraqué en 1998 ou en 2007 pour les coupes du monde de foot et de rugby. Une chose est sûre, les choses ont bien bougé depuis le championnat du monde de 2001.
Qui se souvient quinze ans après, d’un des partenaires maillot de l’équipe de France ? Allez, un petit effort, on fait marcher ses neurones ! Avant de mettre un terme à se suspens insoutenable, je peux vous dire que quelques semaines avant, la place était toujours libre. C’est un peu par hasard qu’un contrat finira par se signer, entre la poire et le fromage, avec une marque de peinture.
Bingo !
Pour une somme dérisoire, des photos restées fameuses feront le tour du monde, celles du Président Chirac avec le maillot bleu, VRP d’une marque sans le savoir. Le hasard. La chance. La grinta. Un concept qui n’explique pas tout, mais sans qui rien de tout ça ne serait possible.
Dans les années 80, celle de Queen et de Désirless, un fringant quadra s’apprête à fouler le béton brossé d’une piscine d’un hôtel roumain. Daniel Costantini n’est pas encore le sélectionneur qu’on connaîtra, mais il a obtenu de la FFHB de l’envoyer en mission d’observation au tournoi des Carpates, qui regroupe toutes les équipes de l’Est. Des pays qui à l’époque dominent sans vergogne la planète handball. C’est en voyant ces athlètes en maillot de bain, que le marseillais fut convaincu que la différence avec les français était surtout physique.
Autant dire que la fonte des salles de muscu ou le tartan des pistes d’athlé allait s’inviter dans le quotidien des handballeurs tricolores.
2005, championnat du monde en Tunisie. Depuis quatre ans, Claude Onesta a pris les rênes de la maison bleue, sans rajouter la moindre ligne à son palmarès. Au moment où de surprenants grecs, en passe d’accéder aux demi-finales affrontent la République Tchèque, déjà éliminée, les actions du toulousains ne sont pas à leur plus haut historique. Les hellènes s’inclinent 31/29, et la France ira arracher une médaille de bronze dans la douleur, sans doute la breloque la plus importante de la génération des Experts.
Celle sans qui rien n’aurait été pareil. Celle sans qui le discours de sa méthode aurait eu bien du mal à franchir les frontières de la Haute-Garonne. Et c’eût été vraiment dommage.
A quelques jours du match d’ouverture, tout est ok pour que le grand public puisse se passionner pour les exploits de Niko et de ses coéquipiers. Pour une fois, on pourra même économiser son oseille en regardant les matchs sur TF1. De quoi donner quelques noisettes à un écureuil, ou aller faire ses courses gratos pour la semaine prochaine.
Mais la grande victoire n’est pas là. Pour la comprendre, il faut avoir connu l’émotion incroyable d’avoir collé l’image de la MV Agusta de Giacomo Agostini dans son album Panini. Au pire, d’avoir eu celle d’Olivier Rouyer ou de Michel Platini pour compléter l’AS Nancy Loraine.
Des gamins pourront s’échanger des figurines à la récré, et délester leurs parents de quelques euros pour espérer s’offrir celle des frères Karabatic ou de Thierry Omeyer.
C’est quand même mieux que de s’acheter un paquet de cigarettes.