Un week-end d’hiver aussi banal que l’évolution de carrière d’un salarié de la CAF. Valentin, le Saint, pas le commissaire, m’inspire autant qu’un film de BHL. Et encore, je ne parle pas de ses livres, si utiles aux heureux possesseurs de cheminée. Juste de quoi me dire que dans le couple, mieux vaut tenir compte des attentes de l’être aimé. Alors je sens que mes lecteurs si nombreux me réclament une chronique sportive, presqu’autant que le retour sur investissement qu’ils attendent de celui ou celle à qui ils viennent de consacrer au moins 40 €. Aucun problème, sinon que l’actu sportive ne me fait pas grimper aux rideaux. Deuxième victoire pour le 15 de France. Après la blague du match contre l’Italie, on pensait que les verts seraient encore cette bête noire imbattable depuis mars 2012 ! 10 à 9, certaines victoires sont aussi bonnes qu’elles sont étriquées. Et bien là, on a été servis mes amis. Une mêlée en marche arrière jusqu’à l’entrée des cancres du match d’avant. Ceux- là même qui déjà s’étaient fait tordre en coupe du monde contre ces irlandais. Les piliers, guerriers des tranchées, dont le fameux pilier droit, pierre angulaire de l’édifice, je n’ai jamais bien compris pourquoi mais je veux bien le croire. Coup de maître pour Guy Noves, Rabah Slimani et Eddy Ben Arous. De quoi reconstruire après le traumatisme néozélandais de l’automne dernier. On aime le rugby et ces histoires de combat et de fierté qui font la légende de ce sport. 11e victoire en coupe du monde pour Alexis Pinturault, la 34e de Sébastien Ogier en WRC, la 18e défaite de Gaël Monfils dans une finale ATP, …je pourrais vous en coller des tartines. Ce qui dominait l’actu jusque- là, c’est ce huitième de finale de Champion’s League contre Chelsea. Tout le monde ne parlait que de ça, reléguant le reste de l’actu au rang de tournoi de pétanque à Ozoir- la- Ferrière. 24 points d’avance sur Monaco en Ligue 1, 22 victoires pour 4 matchs nuls, la France entière ne se préoccupe pas de connaître le nombre de victimes de la prochaine rafale de kalach, le nombre de milliards du prochain déficit de l’Etat ou d’années qui nous restent avant que la planète ne jette l’éponge. Non, il s’agit avant tout de savoir si le PSG sera capable de se hisser en quarts. De finale. Fondamental. Essentiel. Le peuple a besoin de rêver un peu, de s’extirper d’un quotidien plus que morose. Son opium. On se dirigeait tout droit sur une autoroute sensée nous conduire mardi soir au Parc des Princes, où devant notre petit écran, même si le mien fait quand même 124 cm. Armé de quelques bières et de quelques pizzas, le fringant supporter se sent prêt à bouter l’anglais hors de la coupe d’Europe. Plus rarement d’une salade de lentilles au tofu et d’une carafe de thé vert japonais, le bobo préfère de loin un documentaire sur ARTE, « Le Naturalisme allemand dans la peinture flamande ». Certains usagers de drogues dures seraient quant à eux prêt à se mater « Le jour et la nuit », un film de BHL que même Arielle n’a pu regarder plus de 5 min. Et en plus il en a fait d’autres. Une idée me vient, j’appelle de suite la BRI. Il faut élever le débat et envisager de créer une sorte de Guantanamo à la française, pour accueillir notre belle jeunesse quand elle rentre de voyage dans le Moyen-Orient. Des centres de rétention ? Des prisons ? Des centres de déradicalisation ? Mais non vous n’y êtes pas ! Des salles de cinéma dans lesquelles on leur passerait ce chef d’œuvre en boucle. Ceux qui, en assez petit nombre, y survivraient seraient tellement ravagés qu’on pourrait presque leur demander de repeupler la Seine et Marne. Mais je m’égare, très perturbé par moi-même, celui qui partage ma vie. Tout aurait été pour le mieux dans le meilleur des mondes si Serge Aurier n’avait pas décidé de nous faire rire un bon coup. On connaissait les sous-marins dans les vestiaires, mais là, le latéral parisien a hissé le périscope. « C’est une fiotte C’est un guignol » Plus fort qu’Anelka en son temps, les banlieues qui s’invitent dans les vestiaires du sport professionnel. La chicha, la capuche et le langage. Frère, cousin, … Quand la réalité dépasse de loin la fiction, une parodie ou une grosse farce n’auraient pas pu taper plus fort. C’est je pense ce qui caractérise le mieux l’époque que nous vivons. Après la sexe tape, on pensait que faire mieux serait difficile, mais là, on monte encore dans les tours. Et j’en profite pour lancer un cri d’alarme : Qu’attendent nos créateurs pour lancer une série footballistique dans laquelle la fiction prendrait sa revanche sur une réalité qui la malmène ? Et pourquoi pas écrite par Bernard-Henri, qui aurait ainsi l’occasion de nous faire rire avec le foot autant qu’il a pu le faire avec la Bosnie. Et de relancer une carrière qui s’essouffle un peu, il faut bien le reconnaître. Mais tout ça n’est pas grand-chose. En tout cas pas à côté de ce que j’ai pu vivre samedi soir. Je ne suis évidemment ni le premier ni le dernier. Championnat de France de handball, Nationale 2, Poule 2. La Stella Saint-Maur est un club historique, et sympa, et qui lutte pour ne pas finir 11e ou 12e, synonyme de relégation. J’aime m’y retrouver et retrouver des gens que j’aime bien, mais là c’était le premier match en sénior de mon fiston. Celui que j’aime depuis 16 ans malgré sa tendance marquée à vider le frigo et à tout saloper sur son passage. Mes enfants ont été les Copernic de ma vie, ils m’ont appris la procuration. Pas celle qui vous permet de remplir votre devoir électoral en faisant de même avec la femme avec qui vous partagez votre weekend de mai, forcément au soleil. Que ça ne soit pas la vôtre ne me regarde pas plus que ça. Ni celle qui vous permet d’envoyer quelqu’un chercher votre recommandé à la poste, tout ça alors que cet abruti de facteur n’a pas daigné sonner chez vous. Et encore je suis poli. Non. Celle qui vous apprend le bonheur de voir vos enfants heureux. Ne pas forcément regarder ce film de Babar, mais leurs yeux émerveillés. Fondateur de l’homme que je suis devenu. Ne plus être le centre du monde. Tout donner en sachant qu’on fera surement des conneries. Mais tout donner, se donner. Dans son immense mansuétude, la vie se charge parfois de ne pas vous le rendre avec bienveillance. Mais quand ça tombe, quel bonheur. Etre content pour son enfant, fier de lui ! 15e minute, le coach se décide enfin, je plaisante, à faire rentrer la chair de ma chair. Quelques centimètres et quelques kilos de plus que le gamin qui se régalait devant Babar. Le môme a grandi, il n’en est plus un. Et bam ! Une bonne mine en lucarne. Premier tir et premier but Qui en annonce beaucoup d’autres. Une petite larme pour beaucoup de fierté. Fier de lui, du joueur qu’il est mais surtout de l’homme qu’il devient. Un gars bien mon fiston.
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