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A LA(IN) PORTE(S)


En décembre 2013, juste avant le mondial en Serbie, une interview sur le site Femmes de défis, dédiée à l’équipe de France féminine, débutait par « Alain Portes est un être exquis, un homme délicieux, curieux de tout, du passé comme du présent. » Deux ans après, les bleues reviennent du Danemark avec une 7e place qui laisse des regrets autant qu’elle suscite quelques interrogations. Sans que l’on ne soit précisément informé des détails, on apprend dans la presse et les réseaux sociaux que le coach tricolore vit des moments difficiles depuis des semaines, avec des tentatives de déstabilisation plus ou moins anonymes. Un corbeau dans le handball français ! Dans un sport d’ordinaire plutôt tranquille quand il ne s’agit pas de miser quelques euros sur le résultat d’un match à la mi-temps. Dans tout thriller on se pose tout d’abord la question de savoir à qui profite le crime. Il faut souvent chercher dans les sphères de l’égo et de la jalousie pour espérer y trouver une réponse. Ou simplement dans celle des discussions de comptoir, lieu sur lequel tout consommateur de beaujolais peut s’improviser sélectionneur national. Comme au foot, comme au rugby, ça prouve que la notoriété du handball grandit, et avec elle quelques dérives. Et pas toujours avec bienveillance et lucidité, quand le débat a lieu sur internet et les réseaux sociaux, comme au café-tabac de la poste, ou de la mairie c’est pareil. Alain Portes est arrivé à la tête de la sélection à la suite d’Olivier Krumbholz, après une campagne olympique jugée décevante, avec une élimination en quarts. Un titre mondial en 2003 et trois finales, le lorrain est resté 15 ans aux affaires, l’usure du pouvoir, largement de quoi s’attirer quelques inimitiés. Après la désillusion du mondial 2007 en France, le messin avait enquillé deux médailles de vice-championne en 2009 et 2010, avant Londres en 2012. Largement de quoi regretter son éviction surtout quand on s'en rappelle les circonstances moyennement fraternelles Pas de quoi imaginer que son entourage ou lui-même savonne la planche de son successeur, pas le style de la maison! Mais il faut reconnaître que les résultats obtenus depuis ont de quoi conforter certains nostalgiques dans leurs convictions. 6e en 2013, éliminé en quarts par la Pologne. 5e à l’Euro 2014. 7e il y a quelques jours au Danemark, avec là-aussi une élimination en quarts, cette fois-ci contre les Pays-Bas. L’image et le comportement exemplaire du technicien nîmois sur le banc de touche ont jusque-là protégé l’ancien médaillé de bronze aux JO de Barcelone. Il garde la confiance de la FFHB, même si on peut imaginer que les résultats du futur TQO auront une influence certaine sur son avenir en bleu. Les françaises y retrouveront avec plaisir leurs amies hollandaises, japonaises et tunisiennes A Metz La capitale lorraine Le fief d’Olivier Krumbholz On ne doute pas que ce petit monde saura faire le nécessaire pour se serrer les coudes au nom du salut olympique de cette équipe, mais tout ça nous rappelle étrangement ce qui s’est passé il y a une quinzaine d’années dans le handball masculin. En 2001, Daniel Costantini quitte son poste de sélectionneur sur un titre de champion du monde Le deuxième Au bercail en plus En 15 ans, il a réussi l’exploit de hisser la France au firmament du handball international. Invraisemblable pour tous ceux qui ont connu les années obscures où tout ce qui portait une tunique tricolore se faisait châtier sans vergogne par tous nos voisins européens Sauf les belges Malgré quelques déboires olympiques, à Atlanta et à Athènes, on peut facilement s’imaginer que la succession du sorcier marseillais n’a pas été des plus simples C’est le coach de Toulouse, Claude Onesta, qui s’y est collé Pas de palmarès en club mais travaillant déjà dans le sérail de la Fédération Il fallait être solide Et il le fut Une décevante 6e place à l’Euro en 2002 suivie d’une bonne médaille de bronze en 2003 au mondial portugais, aux JO de 2004, la défaite en quarts contre la Russie a été considérée comme une contre-performance assez gênante Pas de réseaux sociaux à l’époque sur internet mais je peux vous dire que beaucoup de ceux qui l’adulent aujourd’hui se posaient des questions sur ses choix de managérat durant ce match Abati, Narcisse…, certains se rappellent peut-être de ces polémiques C’est dire si nos bleus abordent le mondial tunisien en 2005 avec une confiance limitée Deuxième du groupe 1, les tricolores ne doivent leur qualif en demi-finale qu’à une improbable victoire des Tchèques contre les Grecs alors qu’ils n’ont plus rien à jouer ! Battus par la Croatie, ils arrachent le bronze contre les Tunisiens, en particulier grâce à Guillaume Gille et Daouda Karaboué, in-extremis et judicieusement sortis du banc On peut dire que Claude Onesta a miraculeusement sauvé sa tête On est peu de choses Et la suite donne raison à son employeur Un titre à l’Euro 2006, premier d’une très longue série… Déstabilisation, savonnage de planche, gestion des joueurs, surtout ceux qui ne jouent pas, ou plus, on sait tous que ce métier n’est jamais facile Il faut résister jusqu’à la seule chose qui compte La victoire La seule qui puisse faire taire les critiques et offrir une sérénité dans le travail

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