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TIPI


On parle du gendre idéal du basket français, pas de la tente dans laquelle Geronimo astiquait son gros calumet avant qu’une de ses nombreuses squaws ne le fume, pour la paix du ménage Certains grands joueurs sont entrés dans la légende Alain Gilles le villeurbannais, Monsieur basket, Hervé Dubuisson l’homme de tous les records, Dub, Richard Dacoury le limougeaud, le Dac, Antoine Rigaudeau, le Cerveau, 11 matchs en NBA mais surtout une grosse carrière en Italie Des clubs cultes aussi, l’ASVEL, Pau-Orthez Et le CSP Limoges de 1993, premier club français tous sports collectifs confondus, à remporter une coupe d’Europe des clubs champions, la vraie, la seule, celle avec des grandes oreilles Fred Forte, l’actuel président, qui vole le ballon de la gagne à l’immense Tony Cukoc, qui lui, volait des poules depuis toujours. Et le Benetton Trévise obligé de rentrer à la maison, tricoter des pulls et des écharpes avec Luciano Ces grands joueurs et ces faits d’armes sont entrés dans l’imaginaire collectif sportif de beaucoup de français. Pas au niveau de Killy, Platini, Noah, Prost ou Bernard Hinault, mais quand même… 10 ans avant le tsunami médiatique de la Dream Team américaine des JO de Barcelone, Canal plus était entré dans les foyers, ceux qui avaient le fameux décodeur, pirate ou pas. La NBA ne se jouait plus sur Mars, et des dizaines de milliers de privilégiés couche-tard découvrirent un autre monde. Celui de Mickael Jordan et de Magic Johnson, des Lakers, des Knicks, des Celtics et des Bulls, un monde merveilleux et franchisé, celui des dunks ravageurs et des coachs autant cravatés que gominés Merci Georges, tu nous as régalés avec ton accent, ta barbichette et ta casquette Get back baby Not tonight Et c’est le mastodunk ! Georges Eddy L’historique Des bashs et des smashs à gogo Des triple doubles et des stats en veux-tu en voilà Le nouveau monde qui s’invite au bal de la vieille Europe et du pays des lumières Mais rarement l’inverse à cette époque aujourd’hui révolue Quelques européens par ci par là Entre temps, un joueur professionnel américain et un mannequin néerlandais eurent le bon gout, et j’espère le plaisir, de donner naissance au petit William Anthony, à ne pas confondre avec Richard, célèbre exilé fiscal qui poussa la chansonnette vingt ans plus tôt. Tony Parker était né en 1982 à Bruges, là où son sportif de père, outre les perles, enfilait les paniers Quelle blague, si l’histoire s’était arrêtée là, TP aurait pu être belge ! Fort heureusement pour tout le monde, ses parents eurent la lucidité de franchir Quiévrain pour que papa puisse monnayer ses talents dans l’hexagone, à savoir par un des côtés de cette figure géométrique qui en compte cinq autres. Sinon, je ne suis pas persuadé que les bleus auraient accumulé autant de breloques ces derniers temps, ni que vous soyez en train de dévorer ce magnifique article L’histoire était en marche et Tony put gravir tous les échelons bien au chaud dans notre beau pays avant d’être drafté en 28e position en 2001 par les Spurs, franchise dans laquelle il officie depuis 14 ans Et là c’est du lourd, du très très lourd Outre les breloques déjà évoquées, il enquille 4 titres NBA, premier français à le faire, un titre de MVP des finales, premier européen, devenant un joueur majeur de ce sport US Incroyable pour qui se serait endormi au début des années 90 devant la chaine cryptée sus-citée, un hibernatus télévisuel qui se serait réveillé une décennie plus tard Il fait partie de ceux qui ont changé le cours des choses A tel point qu’il a rendu normal le fait qu’un Français, fut-il d’origine belge, brille en NBA et soit déjà entré dans la légende de cette ligue qui n’en manque pas Il a rendu possible le rêve américain pour des milliers de petits basketteurs Et, ce qui ne gâche rien, TP est un gars sympa et disponible, qui n’a jamais failli au moment d’enfiler la tunique bleue Pas forcément le cas de tout le monde Il jouit d’une aura médiatique sans faille, et s’il existe un sportif pour qui on peut dire que c’est mérité, c’est bien lui Une image contrôlée Une authenticité et une simplicité évidentes pour tous les téléspectateurs Un anti Ribéry en quelque sorte Et pourtant notre icône des parquets a parfois défrayé la chronique people Personne non plus pour fustiger les millions de dollars qu’il a accumulé de chaque côté de l’atlantique Alors qu’on trouve toujours un roquet de service pour dire que les salaires des footballeurs sont indécents Mon propos n’est pas de le regretter tant on pourrait qualifier ce type de rancœur de populiste Il faut sûrement mettre ça sur le compte de cette image sans tâche auprès du grand public Imparable Je ne crois pas qu’il soit d’ailleurs nécessaire d’en débattre Mais là comme ailleurs, on peut se poser la question du rôle de la presse dans tout ça Pas dans le fait de ne pas lorgner du côté de son compte en banque ou de sa vie privée, ne mélangeons pas les serviettes et les torchons Que peut-on attendre d’un journaliste ou d’un consultant ? Un minimum d’objectivité bien sûr ! Ou alors on est en permanence dans le talkshow ou le débat d’opinion, à la limite du café-tabac du coin, que ce soit dans le bashing ou la flagornerie Et là il est assez difficile de trouver quelqu’un à la télé ou à la radio, lors du dernier Euro, pour dire que TP n’a pas été très bon, voire plutôt mauvais à certains moments Hormis le respect dû à son immense carrière en bleu, il peut sembler injuste que d’autres sportifs n’aient pas toujours eu droit à ces pincettes lors de performances similaires Le signaler sans en rajouter aurait été plus honnête, sans omettre le rôle essentiel de ce remarquable meneur, de jeu sur le terrain et d’homme dans le vestiaire tricolore Juin 2010 Le sport français vit son pire épisode Un cauchemar En pleine crise économique, des millionnaires du ballon rond ont la bonne idée de zapper l’entraînement que Raymond leur avait concocté avec amour La grève du bus La France de Nicolas a du mal à digérer et le foot tricolore en prend plein la tronche Pas un compatriote pour les défendre, le feu est nourri, et l’ambulance en prend plein le capot Les partenaires, les politiques, les citoyens s’en donnent à cœur joie Après 98, cette équipe réussit l’exploit de refaire l’unanimité nationale, mais contre elle Et les journalistes ne donnent pas leur part aux chiens La France black/blanc/beur est déjà loin et certains scribouillards intentèrent même des procès à qui ne chanterait pas la Marseillaise avant un match Certains apprentis sorciers soulignent avec perspicacité que ces dangereux criminels n’étaient pas toujours de race blanche, on pouvait encore employer ce mot en 2010, ni d’obédience catholique Vade retro, certains étaient noirs et musulmans ! Comme en 98 il me semble Un lynchage national anti footballeur Comme si il fallait entonner cette douce chansonnette à tue-tête pour être un bon français Comme si il fallait obligatoirement être patriote avant de jouer à la baballe Pas une voix pour contredire cette unanimité populaire Si la mienne Courageusement déclamé à ma voisine de canapé au moment précis où, comme Margot, celle-ci dégrafait son corsage au lieu de m’écouter, tant pis pour RMC, j’aurais pu le dire chez eux Un regain de patriotisme Pas toujours de neurones Imaginons une seconde ce que ces bons français pourraient dire d’un tatoué à crête blonde et en survêtement qui ne reprendrait pas les paroles subtiles de « Maréchal nous voilà » Se seraient-ils félicités de voir le grand Jesse Owens lever la main droite en direction d’un petit moustachu pourtant moyennement heureux d’avoir assisté à une victoire peu aryenne Mon opinion, puisque personne ne me la demande, est qu’il est du ressort de chacun de choisir comment exprimer son sentiment d’appartenance à un groupe, équipe ou nation, en chantant ou pas, n’en déplaise à Michel Sardou Regardez bien la prochaine fois, vous ne verrez jamais un espagnol, par exemple, chanter son hymne Et le rapport avec TP dans tout ça ? Malgré tout ce qu’il a pu donner à son pays, lui qui n’y a même pas vu le jour, et bien figurez- vous que l’idole ne chante pas la Marseillaise d’avant match Comme un célèbre balafré mahométan

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