Pas celui qui descend Quand les Inconnus bossaient ensemble Ni celui qui gonfle la taulière Quand Renaud avait de la voix, assez pour être écouté Non, vous me croirez si vous le voulez, mais j’ai un ami Général Un vrai Pas un rond de cuir dont la guerre se limite aux antichambres ministérielles, aux mess confortables, aux cocktails ou aux plateaux télé Un qui a mené ses hommes au combat, certains restés fameux Sous toile, dans la poussière, par tous les temps Un légionnaire Fonceur, rustique et néanmoins intelligent A moins que ça ne soit l’inverse Pas mon univers au départ, je n’irais pas jusqu’à dire que j’éprouve de l’admiration pour cet homme Mais en tout cas du respect Pas pour un héros, avéré ou supposé, d’une République qui ne me fait pas frissonner plus que ça, mais pour un homme qui lutte, de tout son être, pour ses convictions, fussent-elles éloignées des miennes Encore que Depuis une retraite militaire aussi confortable que précoce, il a rangé son uniforme, ses breloques et son Famas au grenier pour mener la lutte en banlieue Pas au sens sarkosien, adjectif par convention sans majuscule, dérivé d’un célèbre agité du Karcher Au sens noble Persuadé qu’il est, du devoir de notre beau pays Celui de ne pas laisser une partie de sa jeunesse sur le bord de la route Plus de chance pour moi de croiser sa route à Noisy le Sec ou à Créteil Soleil, qu’à Kolwezi ou en Côte d’Ivoire pendant l’opération Licorne Depuis presque une décennie, cet homme croise le fer avec tout ce que notre pays peut compter d’entreprises, de collectivités, de cabinets, d’administrations, de directeurs, d’élus et de ministres pour porter un dispositif qui tous les ans accompagne une centaine de jeunes franciliens sur la route de l’emploi et du permis de conduire Noble cause mais pas seulement Ce dispositif, comme d’autres, est opérationnel, ses résultats sont par essence critiquables, mais ont le mérite d’exister Il y a dix ans, nos banlieues s’enflammaient Tout ça parce que de braves représentants des forces de l’ordre eurent la conscience professionnelle de donner quelques cours d’électricité à deux jeunes qui n’avaient pas été attentifs à l’école Une version pédagogique de la gégène En plus mortelle Un banal contrôle d’identité qui dérape Pas du tout au faciès Comme si trouver un bout de shit dans la poche d’un ado allait changer la face du quartier ! Attention, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, l’enfer est souvent pavé de bonnes intentions J’en ai ras la casquette de tous ces reportages tous plus ridicules les uns que les autres où un proche nous soutient mordicus que la victime des forces de police n’avait rien à se reprocher, qu’elle était un bon frère, un bon fils, un bon ami et aussi un élève exemplaire Le pompon c’est la mère éplorée, souvent une sorte de Marthe Villalonga des faubourgs, en moins drôle Mais le propos n’est pas de disserter sur l’inutilité et le voyeurisme de ce type de journalisme On parle d’un simple contrôle d’identité Certainement mené avec politesse et bienveillance par des fonctionnaires peut-être au bout du rouleau A tout coup auprès de jeunes au casier aussi vierge que la brebis d’un rude berger des Carpates Petites causes, grands effets Posons-nous la question de l’efficacité de cette façon d’exercer le maintien de l’ordre Des liasses de billets de 100, des kilos de poudre, des voitures volées et des kalachs en veux-tu en voilà ? Des meurtriers, des dealers ou des terroristes à profusion ? Le bilan doit être édifiant et très certainement consultable, surtout s’il a été fait En plus d’être utile, ces contrôles présentent l’avantage d’entretenir un climat de bienveillance et de respect mutuel entre une population et sa maréchaussée En dix ans, les choses ne se sont pas apaisées, loin de là Radicalisation et communautarisme se sont imposées comme les deux mamelles de la douce vie du banlieusard, bien loin du métro/boulot/dodo si cher aux années 70 La Syrie et l’Iraq sont devenues des destinations à la mode Parfois des allers sans retour Ou alors la tête et les bagages plein de cadeaux Pour son prochain Des journalistes et des dessinateurs ont parfait leur formation professionnelle, truffés de plomb pour leur apprendre à écrire et à dessiner comme il faut Une méthode pédagogique un brin musclée, mais tellement efficace Comme les contrôles Ceci dit sans amalgame Nos chers élus le sont plus pour trouver des solutions à ces légers désagréments que pour se consacrer à leur réélection, qu’ils ne souhaitent pas plus que ça, que leurs proches réclament plus qu’eux-mêmes et qu’une situation grave les oblige à ne pas se consacrer à une retraite bien méritée Et ils le prouvent Le service civique, la réserve citoyenne et la multiplication des radars mobiles sont des mesures de l’ordre de ce que peut être la superette à l’hypermarché Et cette magnifique réforme des collèges Laïcité, citoyenneté et transdisciplinarité au secours de la République, la vie paisible n’a jamais été aussi proche dans nos quartiers Comme pour le loto où 100% des gagnants ont tenté leur chance, 100% des français sont passés par la case Ecole L’horizon semble bouché et une jeunesse sans perspective devrait être une honte pour un pays qui se dit si démocratique Beaucoup d’incompréhension Entre le peuple et les élites Entre un pays et sa jeunesse Comme dans un couple sans dialogue dans lequel les rancœurs s’accumulent comme du calcaire dans votre cafetière Si vous buvez du thé tant pis pour vous, tout le monde fait des erreurs Ou alors il faut boire de la Ricoré Comme le Général
MANU
Mots-clés :