MERCI OLIVIER

Après une jeunesse faite de convictions, j’avais fini par me laisser aller. Ça devait bien faire 25 ans que je n’avais plus été socialiste… depuis Lionel Jospin et sa R19 cabriolet.

Je rassure ma famille de nature si inquiète : je n’ai pas cédé pour autant aux sirènes du libéralisme sauvage; ni à celles de Marine, pas question d’être la cause du troisième AVC de mon père. En 2017, Manu a réussi là où François Bayrou avait toujours échoué : me faire croire comme à tant d’autres à la voie du milieu, ce Noble Chemin devant nous conduire à l’éveil et à la libération de la souffrance. Autant dire que la dure réalité m’a rapidement éloigné du bouddhisme macronique, celui que le Monde entier nous envie.

Et puis Olivier Faure est entré dans ma vie. Encarté au PS depuis ses 16 ans, ce vieux routier a gravi tous les échelons d’un parti qu’il dirige depuis 2018. Artisan de la NUPES en 2022 puis du NFP en 2024, certaines langues plus mauvaises que les autres osent clamer que ces alliances contre-nature n’avait pour but que de sauver leur siège à l’Assemblée. Alors que sans ce grandiose sursaut républicain, la France aurait basculé dans le fascisme. Désavouer un président pour qui on a appelé à voter, batifoler avec des premiers ministres en sursis ou se clacher H 24 avec son allié : pas de quoi exciter ma libido politique, on est loin du coup de foudre.     

Les politiques rasent gratis, nos enfants régleront une note bien salée. Entre doubler mon salaire, m’offrir une prothèse ou karchériser les racailles, je regrette vraiment de ne pas avoir misé sur les bons chevaux. Comme beaucoup, je peine à mesurer l’impact de certaines promesses électorales dans ma vie de tous les jours. Je suis sans doute trop normal … ou trop peu discriminé : pas de transition, de conversion ou de cancer au programme, j’ai même 12 points sur mon permis. Mes parents sont aussi fiers que si j’avais décroché le Nobel … pour le « littérature », il me faudra sans doute faire un peu mieux que ces quelques lignes.

Droite, gauche ou centre, « après tout qu’importe » pourrait écrire un des 14 millions d’abstentionnistes s’il avait un stylo. Mais tout ça, c’était avant qu’Olivier décide de devenir responsable en ne censurant pas stupidement Lecornu II. La voie du milieu, celle de la maturité politique mais pas à n’importe quel prix. Être socialiste ne signifie pas forcément se saper chez Smalto ou s’offrir un modeste pied-à-terre sur l’Île de Ré. Ça implique de haïr le 49.3, ce cancrelat de la constitution. Ça veut aussi dire qu’on vient d’un peuple qui trime dur pour pas un rond; et qui profite trop peu de sa retraite à de rares exceptions près, les anciens de la RATP, SNCF, Ville de Paris, Banque de France, militaires, ministres et députés.

Olivier n’a pas signé de chèque en blanc, il a négocié son soutien. Et pour une fois les choses sont claires, pas de bidouille électorale dans une alcôve de Matignon. Le 49.3 ne sera pas dégainé et la réforme des retraites sera suspendue.

Tremblez pauvres gardons, je vais gagner un trimestre. J’ai pour projet de ressortir mes cannes à pêche trois mois avant la date prévue. Pour une fois, une mesure politique aura un impact direct sur ma vie quotidienne ! La dernière, c’était la suppression de la taxe d’habitation qui m’a permis de changer de vélo. Les sangliers peuvent respirer, je n’ai pas de fusil. Pour les longues après-midi de belote j’ai trouvé un comptoir, mais pas encore de partenaires.

Merci Olivier, tu vas changer ma vie. Pour que mon bonheur soit total, j’aurais un petit service à te demander. Maintenant que tu gravites dans les arcanes du pouvoir, aurais-tu l’extrême obligeance de réparer une terrible injustice : Manuel Valls n’est plus ministre !

Quelle honte ! J’ai mal à ma France quand elle recale un homme qui parvient à se relever d’un sale 5/20 au Bac Français. Rocardien, conseiller régional Île-de-France, administrateur de la MNEF, franc-maçon, délégué ministériel adjoint aux JO d’Alberville, premier secrétaire du PS du Val d’Oise, Jospiniste, conseiller municipal d’Argenteuil, maire d’Evry, Hollandiste puis Royaliste, ministre de l’intérieur, candidat aux primaires, premier ministre, Macroniste, député, candidat malheureux aux municipales de Barcelone avec une légère amende de 277 000 € pour financement illégal de sa campagne et enfin ministre des Outre-mer !!!

Olivier, toi qui es tout pour moi, pourrais-tu demander à Sébastien de trouver une petite place à l’immense Manuel autour de la table du Conseil des ministres du gouvernement Lecornu III ?