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LE PRIX DU DANGER

  • Photo du rédacteur: Admin
    Admin
  • 7 sept.
  • 3 min de lecture
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Avec la télé, on pensait avoir touché le fond du faitout.


Les neurones de générations de mioches ont baigné dans la soupe pendant des décennies. Du Club Dorothée aux Marseillais, de L’Ile aux Enfants aux Télétubbies, ce ne sont pas les niaiseries qui manquent. Affalé dans un canapé Ikéa, paquet de Monster Munch à la main, on imagine un ado attardé se poignarder de l’autre en regardant Julie tortiller de la croupe devant M Du Snob. Les zoophiles préféraient Casimir, son embonpoint et sa voix si sexy…

On a pu voir Gainsbourg brûler un Pascal ou dire à Whitney Houston qu’il voulait la baiser devant un Drucker au bord de l’AVC… Loana se prendre une cartouche dans la piscine… Patrice Carmouze se faire démonter par un moine Shaolin ou pisser dessus par un porcelet, en direct dans Coucou c’est nous…  

Pour les intellos, il y eu quelques séries cultes, Les Feux de l’Amour, La croisière s’amuse, La petite maison dans la prairie, K 2000 … et tant d’autres dans lesquelles on pouvait s’instruire à l’école cathodique. Pour les cinéphiles, Robert Lamoureux, Max Pécas et tant d’autres ont inondé les cinoches de nanars.

Pour les philosophes, BHL n’a pas seulement écrit des navets, il en a aussi filmés, dopé par quelques subsides publics toujours disposés à encourager la culture : ceux qui ont survécu à Bosna ! ou Le Jour et la Nuit pourraient en témoigner entre deux séjours en HP.  

Pour les mélomanes, le choix est aussi vaste que les steppes d’Asie centrale. Mention spéciale à Chantal Goya, aux Musclés ou à JL Lahaye, pour les jeunes filles de moins de 13 ans…

Jusqu’à la fin de XXe siècle, il y avait largement de quoi se laver le cerveau une à deux heures par jour. Mais rien n’empêchait quiconque d’écouter Desproges ou Brassens ou de se mater un Scorsese ; un peu comme celui qui accompagne son Big Mac d’une salade et d’une Badoit, bien connue pour la finesse de ses bulles.  Et puis se sacré Ben Laden a brusquement arrêté de vendre des machines à laver pour faire basculer le monde dans un troisième millénaire des plus sympathiques.

 

Dire que c’était mieux avant ou que la jeunesse tourne mal est vieux comme le monde ! Rien de plus facile que de ressortir aujourd’hui des choses dites il y a cinquante piges sans changer la moindre virgule !

Les feuilletons sont devenus séries, écrites, réalisées et jouées avec des moyens qui n’ont rien à envier au 7e Art ; il faut dire que BHL n’est plus directeur de La Commission de Avances sur Recettes du Centre national du Cinéma et de l’Image… La différence, c’est qu’au siècle dernier il fallait attendre une semaine pour voir qui avait appuyé sur la gâchette. Là, un adolescent peut enchaîner une saison de dix épisodes dans la nuit… à moins qu’il ne préfère jouer à Fornite, dans les deux cas, le cours de français du lendemain 8h00 se transforme en sieste salvatrice. Après tout, Victor Hugo n’est qu’un mâle si peu déconstruit.

 

En 1983, l’immense Michel Piccoli campe le présentateur déjanté d’un jeu télévisé décadent dans Le prix du danger, d’Ives Boisset. Le concept est béton, 5 candidats poursuivent un 6e qui doit rejoindre un endroit secret pour toucher le pactole : s’ils l’attrapent ils le tuent, eux aussi pour encaisser le jackpot. Problème, Gérard Lanvin n’a rien d’une victime expiatoire. Le beau gosse trucide ses bourreaux  et devient l’idole de millions de téléspectateurs assoiffés de sang.    


Un film d’anticipation : 23 ans plus tard, dans la nuit du 17 au 18 août 2025, le streamer Raphaël Graven, alias Jean Pormanove ou JP, décède en direct dans un lit après 298 heures de direct sur Kick devant des milliers d’abonnés. Depuis des mois, ce pauvre gars se faisait humilier, frapper et insulter par Naruto et Safine, suivi par 192 000 abonnés que ce spectacle amusait… pour la modique somme de 5000 € par mois, presque un salaire de député.


Je dois vous faire une confidence : je connais assez bien l’ado attardé qui se matait les Chevaliers du Zodiaque ou Supercopter loin du tumulte de la vie. Assez pour pouvoir dire qu’il ne se sentait pas toujours fier en sortant du salon, un peu comme au matin blême d’un lendemain de murge.

Alors que se serait-il passé s’il avait vu en direct un chat imploser dans un micro-onde ou élève se faire taillader à coups de machette sur le parvis de son collège ?

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