ELOGE DE LA MIXITE
- Admin
- 19 août
- 4 min de lecture

L’art de vivre à la française est tel que de pauvres bougres sont prêts à risquer la noyade pour venir s’installer dans un quartier paisible de Grenoble, Saint-Denis ou Marseille, ça n’est pas ce qui manque dans l’Hexagone.
Il faut dire que des décennies de bienveillance sociale et d’égalitarisme ont conduit à ce paradis que tant de Gazaouis nous envient. C’est un peu le Club Méd, mais dans les banlieues; avec un All Inclusive qui permet à des privilégiés de pratiquer le motocross sans casque ou le tir à balles réelles sur policiers. Au menu, ateliers de pyrotechnie urbaine, élevage de pitbull, initiation au rap ou au MMA... avec des GO qui ne lésinent pas sur les déguisements, babouches, djellabas ou sacoches Gucci… Pour que la fête soit totale, nos vacanciers peuvent se ravitailler H24 au buffet, avec beuh, chichon, crack ou ballon d’azote à volonté. De nombreux clubs enfants sont ouverts la journées avec initiation à la lecture à 12 ans, à l’écriture à 15, aux maths et à l’anglais pour les volontaires. Après la fermeture, les gamins peuvent poursuivre leur journée dans les halls d’immeubles ou les cages d’escaliers, encadrés par des pompiers ou des policiers qui passent régulièrement.
La République a beau être une et indivisible, certains coins sont plus pittoresques que d’autres. Chez les hommes politiques, on est parfois à la limite de l’omerta. Dire que l’État défaille ou que des territoires sont laissés à l’abandon vous fait passer pour un trumpiste local. Rares sont ceux qui l’admettent, Eric Piolle est de ceux-là.
Maire de Grenoble depuis 11 ans, ce sémillant quinqua est ambitieux : candidat à la Primaire écolo de 2021, il s’offre les services d’un ancien conseiller de Barack Obama ! Ce renfort de poids n’empêchera pas Yannick Jadot, Sandrine Rousseau et Delphine Batho de lui botter le derche. Tant pis pour la France, il réserve son talent politique à ses administrés. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ces petits veinards en ont eu pour leur bulletin de vote.
«5G», son premier stand-up, fait un tabac en 2016. Il conclut ce sketch hilarant par une punchline restée fameuse : « la 5G ? Ça sert à regarder du porno sur votre téléphone, même si vous êtes dans l’ascenseur ». Du veggie à la cantine, l’accueil des réfugiés, les pistes cyclables, une fresque antiflics, un abri pour les Gilets jaunes ou une hausse de 25 % de la taxe foncière… ses électeurs se régalent. Anne Hidalgo elle-même ne ferait pas mieux.
Contrairement à beaucoup d’hypocrites, Eric est un humaniste sincère. Il a foi en l’homme et dans sa nature bienveillante, ne soyons pas trop manichéens. Cet homme de gauche combat le capitalisme sauvage de toutes ses forces ; ce qui ne l’empêche pas de créer Raise Partner en 2001, société d’investissement basée à Grenoble, avec des filiales à Londres et à Singapour. Après tout, rien n’interdit à un militant associatif d’être chef d’entreprise… ni à un édile de taper du poing sur la table lors de sa campagne : « la ville exclura les établissements bancaires concernés par des activités directes ou indirectes dans les paradis fiscaux de ses contrats de prêts ». Cette posture morale l’honore, mais embarrasse un peu moins ses clients en mal de défiscalisation.
Un peu de tolérance ne peut pas faire de mal dans ce monde cruel. Le tout répressif en tente beaucoup, mais pas Monsieur le maire qui fait passer l’humain avant de vulgaires caméras de surveillance. Tout est fait pour que cyclistes et criminels se sentent bien dans cette ville, les statistiques le prouvent. Toute catégorie sociale discriminée sait qu’elle peut compter sur son soutien. Le corps des femmes est l’objet de luttes séculaires, dans l’Isère comme ailleurs, mais ici pas question de céder à cette oppression sournoise. En 2022, Eric Piolle fait voter un règlement intérieur qui autorise le port du burkini et la baignade seins nus dans les piscines municipales, le short de bain reste prohibé pour des questions d’hygiène. Être libre d’accord, mais sans être crade… « il s’agit d’un combat pour qu’on arrête de poser des interdits sur le corps des femmes, mais qui porte aussi sur la santé, permettant à chacun de se protéger du soleil, et sur la laïcité, rien n’interdisant dans la loi le port de vêtements religieux dans l’espace public ».
Liberté, santé et laïcité, cet humaniste forcené est un des seuls à comprendre que la digue Républicaine se fissurait. L’égalité n’est plus qu’un mot inscrit au fronton des mairies. Certains de nos compatriotes souffrent, il était temps de le dire : être obligé de rouler en Porsche sans aucun respect pour l’environnement ou de prendre l’avion pour aller s’emmerder le week-end à Courchevel ; devoir se taper du tournedos Rossini alors que ses potes vont au kebab et le pire, sans Coca, mais arrosé d’un vulgaire Mouton Rothschild 89, de la piquette. Et on ne parle pas des Rolex, des Berluti ou des 300 m2 Place des Vosges, ça deviendrait insoutenable. Ces brebis égarées ont trouvé leur berger.
« Ce que nous, nous cherchons à faire, c’est casser les ghettos. Mais il faut se rappeler que c’est surtout des ghettos de riches ! ». Rien à voir avec le dynamique quartier de La Villeneuve : « la diversité, des solidarités, très accessible et c’est ici que l’on respire l’air le plus pur ». Pour désenclaver ces zones, il faut du courage et surtout des actes : 5000 logements sociaux. « le problème de la ville de Grenoble ce n’est pas la diversité extraordinaire et stimulante qu’il y a à La Villeneuve, mais ces espaces où il n’y a pas de logements sociaux du tout »... mais des clients de Raise Partner stressés par la création de leur holding aux Bahamas.
Eric Piolle ne possède plus que 0,5 % du capital, une misère. Heureusement, son épouse et mère de leurs quatre enfants reste directrice de la recherche et du conseil, un petit job payé au SMIC.
Commentaires