Mikhaïl est une lopette.
A sa place, Staline ou Brejnev n’auraient pas permis que l’URSS parte en sucette!
Gorbatchev initiera ses fameuses perestroïka et glasnost qui lui vaudront le Nobel de la paix en 1990… mais qui seront les premières cartes du château communiste qui se lézarde… avant de s’effondrer… de Berlin à Prague… de Budapest à Belgrade…
Jadis dirigée d’une main de fer dans un gant de velours par le maréchal Tito, la Yougoslavie n’échappe pas au cataclysme qui emporte le « rideau de fer ».
On peut comprendre que le partage du gâteau soit tendu, entre 6 républiques qui se haïssent, politiquement, historiquement et religieusement : une façon de tester la force de l’œcuménisme, entre catholiques, musulmans et orthodoxes, tous frères socialistes quelques années plus tôt… Le résultat est édifiant, surtout pour les habitants de Srebrenica, charmante bourgade de l’est de la Bosnie. Le 11 juillet 1995, ces petits veinards accueillent avec bienveillance les troupes amicales du général serbe Ratko Mladić… qui les remercie par le pire massacre en Europe depuis la 2e guerre mondiale.
Le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie, évalue le nombre des personnes exécutées dans un «processus organisé et systématique» entre 4 000 et 5 000, le reste des victimes étant mortes au combat.
0n estime que 33 000 personnes trouveront la mort, tandis que 25 à 30 000 civils se voient offrir un processus d’« épuration ethnique ». Au programme, expulsions, confiscations, viols, vols, tueries méthodiques, enfants et vieillards compris… Le Tribunal pénal international confirme en appel, la condamnation à perpétuité de Radovan Karadžić, le premier président de la république serbe de Bosnie : génocide, en particulier à Srebrenica, crimes contre l’humanité et violation des lois ou coutumes de la guerre… un grand humaniste entre dans l’histoire… un de plus…
Dragan et Zlatco ont débarqué en France en cette fin agitée de XXe siècle. Les deux ex-Yougoslaves ne sont pas des réfugiés politique fuyant leur pays ; juste des gars venus gagner leur vie, et celle de leur famille, en exerçant leur talent de handballeur. L’un est Serbe, l’autre Croate, à moins que ça ne soit le contraire. Chacun a des raisons évidentes d’en vouloir à l’autre, la possibilité de s’ériger en victime d’un ennemi qui n’y est pas allé de main morte dans les exactions.
Leurs coéquipiers ne les ont jamais entendus se plaindre, ni même évoquer cette guerre. Mieux, ils les ont souvent vu se taper la bise avant, et se boire une mousse après le match.
Avec modération…
En laissant ce conflit de l’autre côté de l’Adriatique.
Dominique Bernard incarne un art de vivre à la française.
Un homme cultivé, féru d’art et de voyage. Prof de français agrégé, il avait fait le choix d’enseigner en collège plutôt que dans le supérieur. Sa femme Isabelle confirme son éclectisme :
"Il aimait Julien Dracq, Stendhal, Flaubert, Balzac. Il aimait Proust, Claude Simon, Céline et Pierre Michon. Il aimait la poésie, René Char Baudelaire, Rimbaud, Mallarmé, Valery. Il aimait la philosophie. Il aimait le cinéma, Truffaut, Ford, Kubrick, Lubitsch, Orson Wells. Il aimait le baroque, Il aimait Miyazaki, Kurosawa, Almodovar, Fellini, Visconti, il aimait l’Italie, l’italien, la Toscane (…) Il aimait Shakespeare, Racine, Beckett, Van Gogh, Picasso, Vermeer, Matisse, Bonnard, Gauguin, Manet, Courbet, Cézanne, Soulages (…) Il aimait Bach, il aimait Beethov, Fauré, Haydn, Ravel, Mahler. Il aimait le gothique, les cathédrales (…) Il aimait les glaciers préférés du Routard, il aimait la Provence, ses couleurs, ses senteurs, il aimait les étangs, les rivières et les fleurs, les forêts, la lumière rasante du soir (…) Il n’aimait pas l’informatique et les réseaux sociaux. Le téléphone, il n’en avait même pas (…) Il n'aimait pas la foule, ni les honneurs, les cérémonies qu'il avait en horreur. Il n'aimait pas le bruit et la fureur du monde (…) Il aimait profondément ses filles, sa mère et sa sœur. Nous nous aimions".
Pour sa sœur, son grand regret était que "les élèves ne lisent plus (…) Son grand plaisir était de réussir à leur faire lire quelque chose".
Un homme dangereux !!! Qui a eu la mauvaise idée de croiser un ancien élève pour lequel il s’était investi.
D’où cet imparfait de l’indicatif dans le portrait que brosse son épouse… pour son oraison funèbre…
Samuel Paty est un professeur d’histoire-géographie de 46 ans.
Il exerce depuis trois ans au collège du Bois-d'Aulne de Conflans-Sainte-Honorine, réputé comme paisible. Marié et père d’un enfant de cinq ans, c’est un enseignant « empathique », à l’égard de ses pairs comme de ses élèves. "Il traitait tous ses élèves de manière égale, il n'y avait aucune discrimination pour Samuel, que ça soit sociétal, religieux, de couleur ou autre", raconte un collègue de mathématiques.
Lors d’un cours d’enseignement civique et moral sur la liberté d’expression, il projette 15 diapositives à ses élèves de 4e, dont 4 montrent une caricature de Mahomet. Au préalable, il donne le droit à ceux qui le veulent de sortir, choix que personne ne fait. Finalement, l’heure se termine de façon habituelle, sans rien de spécial.
C’est une élève absente de ce cours, qui va mettre le feu aux poudres !!!Exclue deux jours de l’établissement, elle mythone ses parents en leur disant que c’est M. Paty qui l’a virée alors qu’elle se serait opposée à la projection des dessins de Charlie Hebdo. Le mensonge d’une sale gosse va faire basculer la vie d’un gars qui ne faisait que son taf.
Son père embrase les réseaux : "Incroyable mais vrai. Ce matin, le prof d'histoire de ma fille en 4e, demande à toute la classe que les élèves musulmans de la classe lèvent la main (…) ensuite, il leur dit de sortir de la classe car il va diffuser une image qui va les choquer". Puis d’autres messages suivent : "Vous aimez votre prophète, vous avez l'adresse et le nom du professeur pour dire STOP." Le message circule comme une traînée de poudre au sein de la communauté musulmane des Yvelines. Le lendemain, Brahim Chnina investit le bureau de la principale accompagné d’un islamiste fiché S pour exiger le renvoi du professeur! Il lance une campagne de dénigrement et pousse la (mauvaise) blague jusqu’à porter plainte avec sa fille au commissariat pour publication de vidéo pornographique. Le soir, il enflamme de nouveau les réseaux : les rumeurs se propagent, Samuel Paty est accusé de racisme. Sa principale alerte la mairie et le rectorat, puis demande aux enseignants de rester soudés. Une partie de ses collègues lâche pourtant le prof d’histoire qui écrit : « Je suis menacé par des islamistes locaux ainsi que le collège tout entier ».
Le militant islamiste Abdelhakim Sefrioui, qui depuis le début « coache » Brahim, publie une nouvelle vidéo sur YouTube, intitulée "L’islam insulté dans un collège public". Une entreprise de victimisation qui confine à la propagande : « Cela fait 5-6 ans que des enfants de 12-13 ans musulmans sont choqués, sont humiliés devant leurs camarades… On exige la suspension immédiate de ce voyou parce que c’est pas un enseignant, un enseignant c’est autre chose ».
Censé rassurer tout le monde, le « référent laïcité » dépêché par le rectorat rappelle à Samuel Paty les règles de neutralité et de laïcité. S'il est « conforté dans l’approche qu’il avait eue lors de son cours », l'ampleur du danger qui pèse sur lui n'est pas appréhendée à sa juste valeur. La campagne de harcèlement est devenue virale, avec le nom du professeur, l'adresse du collège et le numéro de téléphone du CCIF, le Collectif contre l'islamophobie en France. De plus en plus isolé, craignant pour sa vie, il porte plainte contre le brave père de famille et sa fille dans le but (illusoire) de déclencher une protection policière. Il sort dorénavant avec capuche, lunettes de soleil et marteau dans son sac à dos…
Aucune veille n'est déclenchée, les services de renseignements estiment que la situation est apaisée… sauf pour un garçon de 18 ans. Le 12 octobre 2020, il rédige une note sur son téléphone: "Collège Bois-d’Aulne 78700 Conflans-Sainte-Honorine. Mr Paty, professeur d’histoire-géographie."
Le 16 octobre à 16H51, il croise la route de Samuel qui rentre chez lui… mais n’y arrivera jamais…
( A SUIVRE … )
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