On va commencer par une devinette : Que s’est-il passé en 2011 et en 2015 ? Beaucoup de chose forcément dans nos vie, des choses marrantes et d’autres un peu moins. Mais là on est dans le sport, sinon vous ne seriez pas là à lire cette chronique. Allez, un indice, on parle de Ligue des champions, ce fantasme, ce graal, la seule coupe qui vaille, celle avec les grandes oreilles. Celle que l’OM a déroché en 1993, et Montpellier en 2003. Le suspense est tellement insoutenable que je ne voudrais pas être tenu pour responsable du bris d’écran de votre magnifique tablette. Et bien ces deux années, le FC Barcelone a décroché le titre suprême, au foot comme au hand ! Cinq titres balle au pied, et neuf avec les mimines, record absolu. Un grand club, une famille blaugrana, dans laquelle on n’hésite pas à aller voir ses cousins au stade. Leo Messi applaudissant Nikola Karabatic, à moins que ça ne soit le contraire. En 2011, les qatari de QSI se sont offert un beau jouet en rachetant les PSG Foot aux américains de Colony Capital. L’année suivante, ils se payent le handball. Les budgets s’envolent, dépassant les 500 patates pour l’un et les 16 pour l’autre, pour atteindre le top niveau européen. Les titres nationaux se sont accumulés, des championnats et des coupes en veux-tu en voilà, en ayant quand même le bon goût de laisser quelques miettes pour les autres. Il ne s’agit pas de dire qu’il suffit de coacher une de ces deux équipes pour empocher un titre, mais c’est quand même le moyen le plus facile pour y parvenir. Plus facile qu’en prenant les rênes d’un autre club. On peut je crois aisément comprendre que Nasser et ses potes ne sont pas des philanthropes illuminés déversant sans compter les pétro-euros. D’autre part, tout investissement mérite retour, et faire une place dans la vitrine pour y mettre la coupe aux grandes oreilles semble être un objectif réalisable dans les deux ou trois ans qui viennent. Et pourquoi pas dès cette année après tout ! Pour la troisième fois consécutive, c’est Chelsea qui s’invite au bal des huitièmes. Un partout contre les hommes du Special One, Jose pour les intimes, Laurent Blanc n’aura pas l’occaz d’une belle contre le portugais puisque c’est Guus Hiddink qui a repris les Blues en main. Et avec bonheur car l’équipe est redevenue beaucoup plus que l’ombre qui hantait Stamford Bridge depuis le début de saison. Pour peu qu’elle récupère l’emblématique John Terry ! Côté parisien, c’est la blessure de Marco Verrati qui fait jaser dans les foyers. Et Matuidi, et Pastore…, la bataille du milieu risque d’être impitoyable. Mais laissons aux multiples journalistes, consultants, chroniqueurs, humoristes,…brasser un peu plus que du vent. Vous noterez que je reste poli, j’aurais pu vous parler de mouches. L’évènement est national, et le restera jusqu’à mercredi soir à moins d’une attaque terroriste, d’une décision gouvernementale courageuse ou d’une interruption des Anges 8. A moins qu’après Serge Aurier et François Hollande, quelqu’un d’autre décide de hisser le périscope. La France va rester en haleine jusqu’à la fin du match. Et c’est vrai que pour les anciens qui ont vécu l’épopée des Verts dans les années 80, ou de l’OM un peu plus tard, on mesure ce que serait un parcours jusqu’à la finale, à San Siro le 28 mai. On se dit que ce PSG là peut y parvenir tant il supporte la comparaison avec tous les autres poids lourds européens. Tous sauf un. Le Barca ! Sa virtuosité, son trident offensif. Et c’est vrai qu’il est difficile d’imaginer le président Nasser Al- Khelaifi arrivant aux affaires il y a cinq ans, prenant la liste des 10 meilleurs du monde et son chéquier, se payer Messi, Ronaldo, Neymar , et ainsi de suite. Impensable, même pour un homme d’affaires proche de l’Emir du Qatar. Du moins en aussi peu de temps. Mais s’il l’est pour le foot, impossible n’est pas handball. Et c’est précisément ce que Nasser a fait en quatre ans. Le budget est passé de 9 à 16 millions, et le fantasme de s’acheter les meilleurs joueurs du monde est devenu réalité effective. Omeyer, Narcisse, Abalo , Karabatic, Nikola et Luka, Hansen, Accambray, Barachet et d’autres sont là, Stepancic et Gensheimer les y rejoindront. Le tout coaché par Serdarusic, avec Olsson comme adjoint, pourquoi pas le professeur Saillant comme kiné ? Sans doute qu’Onesta et Rivera n’étaient pas dispo. Moi non plus d’ailleurs. C’est une équipe de rêve au sens où on ne peut pas imaginer beaucoup mieux. Après, tout le monde sait que seule compte la vérité du terrain. Là on se dit que ce PSG est très solide cette saison. Invaincu en 2016, il faut revenir plusieurs mois en arrière pour deux défaites en Ligue des champions à Flensburg et à Weszprem, et une en D1 à Montpellier. L’équipe semble monter en puissance et franchement, on a du mal à ne pas envisager la voir à Cologne fin mai. Un Final 4 reste un exercice singulier dont je ne suis pas fan. Personne ne peut maîtriser un tel weekend sans s’en remettre à une certaine dose de chance et d’incertitude. Jusque- là je crois que les quatre demi-finalistes sont à chercher parmi six équipes, Paris, Kiel, Flensburg, Rhein-Neckar, Veszprem et Barcelone, le tenant du titre. Premier de sa poule, une dernière victoire 35/32 contre Flensburg, le PSG est bien armé pour le faire, surtout qu’il ira direct en quarts, avec match retour à la maison. Ne pas aller au Final 4 serait une grosse contre-performance, une occasion bête de ratée d’entrer dans l’histoire. Pas moyen de le faire sans décrocher ce ticket. Une fois là-bas, et si les circonstances ne sont pas trop contraires, tout est possible. La virginité européenne des parisiens n’est pas un handicap. Les joueurs connaissent tous la victoire au très haut niveau et Serdarusic a déjà remporté le trophée avec Kiel. Et puis Hambourg l’a fait en 2013, tout comme Flensburg en 2014, les deux fois en déjouant tous les pronostics. Les lecteurs perspicaces que vous êtes auront noté que ce sont deux équipes de Bundesliga. Et je pense précisément que de rencontrer une équipe allemande en finale pourrait être la chose la plus difficile à gérer. Sans faire de mauvais esprit, rappelons-nous de la demi-finale du Mondial 2007. Mais on n’en est pas là ! Mois de juin 2016 un bus à impériale cabriolet descend les Champs. Pas de touristes japonais qui enquillent photos sur photos de la Ville Lumière. La foule exulte. Impossible d’approcher. Nasser se tient en retrait, une coupe sous chaque main. Zlatan et Nikola qui s’embrassent…